Piments Zoizos – Les enfants oubliés de la Réunion

Scénario : Téhem
Dessin : Téhem
Éditeur : Steinkis
Date de sortie : 17 mars 2022
168 pages
Genre : Docu-fiction

« – Et vous leur inventez un nom ?

– Pas toujours… la plupart du temps on se contente de prendre le deuxième prénom. C’est quand même plus simple et plus rapide ! »

Présentation de l’éditeur

Années 1960. Dans un quartier populaire d’une ville de La Réunion, Jean et Madeleine sont arrachés à leur mère par les services sociaux qui leur promettent une vie meilleure en métropole, une bonne éducation et des retours réguliers sur leur île. Lucien, jeune fonctionnaire fraîchement affecté à La Réunion, arrive à la préfecture et découvre ses fonctions à la Section 4 : il devra notamment superviser le transfert de « pupilles de l’État » dans l’Hexagone…

Transplantés en Creuse, Jean et Madeleine sont séparés. De foyers en familles d’accueil, Jean rencontre d’autres enfants réunionnais dans la même situation que lui. Une vie durant, entre errances et recherches, il tentera de comprendre pourquoi…

Mon avis

Les auteurs le disent dans l’introduction : il n’est ici pas question de voir se succéder des témoignages comme dans un documentaire.

C’est Jean qui personnifiera les milliers d’enfants qui se sont vus, orphelins ou non, confiés aux services sociaux réunionnais, pour être, pour certains d’entre eux, envoyés du jour au lendemain dans la Creuse. La violence est institutionnalisée, la maltraitance planifiée par une administration segmentée, déconnectée, sans lien. Ce qui saute aux yeux dans Piments Zoizos, c’est l’absence totale de recul, de réflexion globale, de concertation entre les services (« chacun son boulot »). Les adultes se succèdent pour prendre en charge des enfants qui n’ont rien demandé à personne, victimes d’une politique censée régler un problème de surpopulation dans l’île au début des années soixante.

Le récit est empreint d’une émotion brute car il témoigne d’une forme de double peine : être arraché de ses racines et se retrouver, des décennies plus tard, à la recherche de celles-ci. L’enfance apparait comme volée, l’identité se révèle elle aussi falsifiée. Et Jean doit donc se construire avec ce vécu, comme tant d’autres alors, régi par un rouleau compresseur administratif qui déplace des enfants, efface leur nom pour en créer de nouveau avec une simplicité et une facilité révoltantes et les affuble de sigles déshumanisants.

Les couleurs des planches diffèrent selon les époques et les protagonistes qui s’entremêlent, à l’image de leur quête de leur passé semée d’embûches. Le lecteur lui ne se perd pas, les dessins de Téhem, tout en rondeur, traduisent, par des regards expressifs, toute la tristesse, le dépit, l’innocence, les rires et la violence.

L’histoire est entrecoupée de « fiches explicatives » (je n’ai pas trouvé de meilleure expression, vos propositions sont les bienvenues) qui permettent, tout en respectant le cadre fictionnel, de garder à l’esprit que cette scandaleuse histoire était une réalité.

Marquant.

ScénarioDessinico_Album
coeur_quatre_et_demicoeur_trois_et_demicoeur_quatre


Petitgolem13

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