Fritz Lang le maudit

Scénario : Arnaud Delalande
Dessin : Eric Liberge
Éditeur : Les Arènes
104 pages
Date de sortie :  24 mars 2022
Genre : Biographie romancée

 

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Il va y avoir des films à jouer… et à écrire !

Et ça tombe bien… J’ai plein d’idées !

Présentation de l’éditeur

Metropolis, M le Maudit, Docteur Mabuse : les films de Fritz Lang ont changé la face du cinéma mondial, mais la part sombre de ce génie du 7e art demeure encore méconnue. Dans l’Allemagne de Weimar, Fritz Lang rencontre la scénariste Thea von Harbou, l’amour de sa vie, avec laquelle il va écrire et réaliser des productions dantesques et enchaîner les succès planétaires. Alors que le nazisme s’installe en Allemagne, la trajectoire des deux amants va radicalement différer. Thea von Harbou est séduite par le «nouveau discours» des Chemises brunes. Goebbels propose à Fritz Lang de diriger le cinéma nazi… Lang doit choisir entre sa femme et sa conscience.

Mon avis

Fritz Lang fut l’un des plus grands cinéastes allemands, instigateur (avec d’autres) de l’expressionnisme dans le cinéma d’avant et après guerre. Tout cinéphile a en tête le magnifique « M le maudit », la série des Docteur Mabuse ou son gigantesque et couteux « Metropolis ». Ses deux derniers films, « Le tigre du Bengale » et sa suite « Le tombeau Hindou », resteront pour moi un sommet du cinéma d’aventures et inspireront Spielberg pour son Indiana Jones. 

Mais qu’en est-il de l’homme ? Fritz Lang, héros décoré de la Grande Guerre, était un homme sombre. Sa première femme se serait suicidée d’une balle au cœur après l’avoir surpris au lit avec sa secrétaire. La police douta et supposa qu’elle mourut après une dispute suivie d’une empoignade au cours de laquelle le coup de feu partit par accident. Ce superbe album nous raconte la vie et la carrière de Lang, ses débuts comme illustrateur à Paris (il voulait devenir artiste peintre), son amour dépendant pour sa maîtresse (et deuxième épouse) Thea von Harbou, grande admiratrice du discours totalitaire de Hitler, sa fuite en Amérique pour échapper au nazisme et à la pression subie dans son travail de cinéaste. La grande force de ce récit est de mélanger la montée du totalitarisme allemand et les discours haineux du führer avec la vie de Lang et certaines séquences de ses tournages. L’album amalgame aussi certains faits avérés et des suppositions basées sur les propres dires du cinéaste (comme sa conversation avec Joseph Goebbels, ministre de la propagande). Ainsi Lang est dépeint comme se croyant l’un des instigateurs de la montée du nazisme en Allemagne par ses films vantant la mythologie nordique et germanique, la suprématie du peuple allemand uni et les grandes envolées lyriques qu’il mettait en scène avec son thème favori, la vengeance. Sachant que la plupart des scénarii des films de Lang étaient écris par Thea von Harbou, on comprend mieux la personnalité de cette dernière et son adhésion au parti nazi.

L’album suit une narration et une illustration sans failles, conformes à l’expressionnisme du cinéma allemand de l’époque et la colorisation, favorisant les teintes sépia, apporte la touche finale qui en fait presque un chef d’œuvre ! 

JR