Scénario : Junji Itô d’après Osamu Dazaï
Dessin : Junji Itô
Éditeur : Delcourt / Tonkam
224 pages
Date de sortie : mars 2021
Genre : horreur,
Maitre de l’horreur et de l’angoisse, Junji Itô adapte l’un des romans les plus célèbre au Japon
Présentation de l’éditeur
Ce manga est l’adaptation d’un des romans les plus célèbres de la littérature japonaise contemporaine. Il est publié en France chez Gallimard depuis 1962. Yôzô Ôba souffre énormément du regard que les autres portent sur lui et ne comprend pas le bonheur de son entourage. La solution qu’il finit par trouver pour s’en guérir : se transformer en bouffon. C’est ainsi que s’écoulent ses jours, à se vouer à ce rôle de clown empli de souffrance. « Extérieurement, le sourire ne me quittait pas intérieurement, en revanche, c’était le désespoir. »
Mon avis
Junji Ito est au manga ce que Stephen King est au roman : Le maître de l’horreur. Pour le plus grand bonheur des fans du genre le voilà à nouveau sur les étals, après quelques années de disette. Mangetsu, le label manga de Bragelonne, et Delcourt/Tonkam remettent cet auteur sur le devant de la scène. Le premier se positionne comme son éditeur principal en France avec la sortie ce mois-ci du one shot Sensor, puis prochainement d’une nouvelle intégrale de Tomie et de l’anthologie Les Chefs d’œuvre de Junji Itô. Delcourt/Tonkam n’est pas en reste avec la sortie des intégrales de Spirale et Gyo en mars dernier, puis cette inédite en France adaptée d’un des romans les plus célèbres au Japon : La déchéance d’un homme. Écrit par Osamu Dazaï, l’un des plus célèbres écrivains japonais, ce roman met en scène Yôzô Oba racontant sa triste vie durant laquelle il n’aura su faire autrement que jouer un rôle pour réussir à communiquer avec les autres. Incapable de comprendre le monde et d’appréhender le bonheur de la même façon que la plupart des gens, il s’est emmuré en lui-même et s’est forgé un personnage pour affronter le monde. Un bouffon faisant rire tout son entourage, mais acceptant les pires outrages, y compris et surtout de la part de ses proches. Un bouffon diablement séduisant aussi, dont les jeux de séduction se finissent toujours en drames. Vice, perversion, lâcheté, folie, meurtre, suicide… Yôzô Oba incarne toute la noirceur de l’âme, et la déchéance quasi programmée de cet homme glace le sang.
Je ne sais si le manga est fidèle au roman, mais il est certain qu’il retranscrit très bien le drame de l’incommunicabilité et de l’inadaptation sociale. Le jeu de rôle ne peut durer une vie, et à trop durer il ne peut avoir qu’une issue fatale. Bien que l’on en connaisse l’issue dès le début, la narration étant un immense flashback, nous assistons avec effroi à la destinée funeste d’un homme dont on comprend l’immense douleur intérieure. Avec un dessin réaliste et détaillé, l’auteur fait avec brio le grand écart entre les émotions. De la joie au désespoir le plus sombre, les expressions sont toujours justes et ancrent le récit dans un réalisme d’autant plus glaçant.
Plus que deux tomes pour atteindre le fond …
Loubrun
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