L’étreinte

Scénario : JIM
Dessin : Laurent Bonneau
Éditeur : Grand Angle
312 pages
Date de sortie : 30 juin 2021
Genre : tranche de vie, roman graphique, drame, romance.

« Embrasser la peau des vivants, serrer leur chaleur contre soi… Aujourd’hui je comprends ça, Romy… Combien de fois, Romy, j’aurais dû être plus présent quand j’étais près de toi ? Mille fois, dix mille fois ? Combien de fois j’aurai dû être avec toi quand j’étais avec toi ? »

Présentation de l’éditeur :

Une histoire sur nos icebergs et sur le désir de ne pas sombrer sous la surface.
Romy est institutrice. Benjamin est un jeune sculpteur qui prépare sa première exposition. C’est lors d’un week-end à Cadaqués que l’impensable va se produire. L’Étreinte, c’est l’histoire d’une inconnue prise en photo sur une plage. C’est une histoire d’adieux. C’est l’histoire de gens qui s’effleurent. Et de certaines émotions. De belles émotions. Et de celles qu’on préfère taire. Portée par deux talents de la bande dessinée, L’Étreinte est un choc graphique qui serre le cœur. Un livre rare et ambitieux, que l’on porte longtemps en soi après sa lecture. “Ne cherchez pas mon cœur, il ne bat plus.”

Mon avis :

Comment survivre à la lente agonie de la personne qu’on aime ? Depuis l’accident de voiture, Benjamin ère dans les couloirs de l’hôpital et auprès de Romy qui lutte entre la vie et la mort, dans le coma. C’est un sentiment atroce, indescriptible auquel Jim a su donner les mots qu’il faut, permettre les rencontres nécessaires pour ne pas perdre pied

Pourtant, contrairement à la majorité des bandes-dessinées, les auteurs ont décidé de partir des dessins de Laurent Bonneau pour donner corps à un récit cohérent ; tout comme Benjamin qui doit s’atteler à une exposition d’au moins 50 sculptures en partant de rien. Son modèle fétiche est dans le coma, défigurée et plus proche de la mort que de la vie…

Mais il lui reste une photo prise en vacances, ce séjour juste avant l’accident. Une plage animée où se trouve, au centre de l’image, une femme allongée qui a immédiatement attiré le regard de l’artiste. Plutôt que de se morfondre à espérer un miracle à l’hôpital, Benjamin va entamer la démarche folle de retrouver cette belle inconnue.

Une quête assez déroutante. Alors que sa compagne se meurt, lui court déjà après une autre. Pourquoi ? Que va-t-il faire s’il la retrouve ? Au fil des allées et venues entre son atelier et l’hôpital, entre chez lui et Cadaqués où Benjamin a photographié cette petite crique au bord de la mer : le lecteur se perd dans les émotions ressenties. Entre culpabilité de ne pas être aux côtés de Romy et ce désir persistant de retrouver la belle inconnue.

Une histoire de rencontres avec les possibles mannequins improvisées de la plage et une dame qui vient chaque jour accompagner son mari cancéreux pour ses traitements. Une dame souriante, pipelette, qui réchauffe le cœur de l’homme qui ne peut rien faire pour Romy encore et toujours alitée. Sans oublier les rendez-vous avec les amis et la famille… Certains savent et compatissent, d’autres ignorent tout, les rendant insouciants de la tragédie qui a eu lieu.

Mais ce récit ne serait rien sans la belle endormie. Elle fut la muse de l’artiste et c’est encore elle qu’il cherche, inconsciemment, en partant à la rencontre de ces inconnues qui auraient pu être cette mystérieuse femme allongée sur le sable des semaines plus tôt. Alors il lui parle, il la voit dans ses songes et c’en est presque un bel hommage à cet amour, même quand il devient intime avec d’autres.

Un ouvrage doux et tendre à la fois, après la violence de l’accident qui hante encore l’esprit de Benjamin. Mais le fil conducteur écrit par JIM nous entraîne dans sa recherche de l’inconnu et son envie d’échapper à la réalité. Le dessin réaliste de Laurent Bonneau, entre représentation photographique et fusain, succession de teinte dominante ou simplement de touches de couleurs dans une planche grisâtre, … une façon de dépeindre un parcours chaotique dans une vie et des souvenirs qu’il engendre.

ShayHlyn.

5 commentaires sur “L’étreinte

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  1. C’est beau. C’est une façon, étrange de prime abord, de lutter contre la tristesse de perdre celle qu’il aime. Pour le « joyeux », y a les souvenirs 😉

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  2. J’aimerais bien me le procurer car j’adore ce scénariste… j’aurais même apprécié qu’il l’illustre lui-même, bien que la création de cette BD a été réalisée comme un cadavre exquis à 4 mains.

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  3. J’ai fini par pouvoir le lire et je dois avouer que c’est vrai que le thème n’est pas spécialement joyeux mais il y a heureusement la quête du héros sculpteur qui nous tient en haleine pour savoir s’il la retrouvera ?… avec une fin plutôt réussie et très émouvante !
    Bref, j’ai beaucoup aimé et versé une petite larme.

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