Scénario : Marc-Antoine Mathieu
Dessin : Marc-Antoine Mathieu
Éditeur : Delcourt
48 pages (ou plus…)
Date de sortie : octobre 2020
Genre : fantastique, humour, poésie, onirisme, philosophie
«Vos deux surrêves se sont téléscopés, provoquant un conflit d’interrêve. Résultat : un rêve-errant de force 8 !…»
Présentation de l’éditeur
Le prisonnier des rêves est confronté cette fois à une singularité onirique aussi rare que dangereuse : l’hyperrêve, produit de la collision de deux surrêves… et somme de réflexions désopilantes sur la notion d’infini.
Bien que contingenté à son espace livresque, Julius Corentin Acquefacques s’en évade à loisir par le rêve. Mais celui en cours, plus puissant qu’à l’accoutumée, est entré en collision avec celui tout aussi fort de son voisin Hilarion créant un hyperrêve, sorte de mise en abyme onirique à la puissance infinie… Seul le professeur Ouffe peut encore les aider à s’extraire de ce rêve cul-de-sac sans fin.
Mon avis
Julius Corentin Acquefacques, c’est LA série BD qui se joue de tous les codes. Marc-Antoine Mathieu nous livre ici le 7ème opus des aventures de son prisonnier des rêves démarrées en 1990. A chaque nouvelle aventure, il arrive à nous surprendre, à nous mettre une claque, nous forçant à nous incliner devant son génie créatif. Mais aussi à nous inquiéter de sa santé mentale ! Mais où va-t-il chercher toutes ces idées ?? Ce type est dingue !
La dimension onirique et absurde des aventures de Julius Corentin Acquefacques est une chose acquise, dont on attend beaucoup à chaque nouvel épisode. Une fois de plus on est servi avec cette histoire sans dessus dessous et sans queue ni tête et sans fin, dans laquelle on se perd avec délectation dès les premières pages, emporté par un tourbillon dont on sent d’entrée l’infinie grandeur et puissance dévastatrice. Dévastatrice pour notre cerveau infiniment petit face à l’infinie puissance des rêves et de l’univers. On est bien peu de chose !
Les personnages et le lecteur sont mis en abîme par cette construction narrative hors normes, hors du commun, qui joue avec les codes de la bande dessinée. Les cases ne sont plus des carrés dessinés sur une feuille ; elles prennent une troisième dimension et sortent de l’objet livre. Dans Julius Corentin Acquefacques, les pages se percent, les cases se décalent, les pages s’inversent, elles se plient, se déplient, se tordent, rapetissent ou grandissent, tout n’est que miroir, reflet, fausses pistes, faux semblants, les rêves et la réalité se croisent et s’entrechoquent, dans un ordonnancement millimétré et une précision chirurgicale pour mettre sur un piédestal la quintessence du non-sens.
C’est ça, Julius Corentin Acquefacques. Un univers Kafkaien (d’ailleurs, regardez bien le nom du héros) où règne en maitre le non-sens qui fait sens. Car on retombe toujours sur ses pattes, on retire toujours quelque chose d’un rêve de Julius et le non-sens fait alors écho à une logique implacable. Ici, son rêve nous envoie dans une dimension infinie qui donne littéralement le vertige et nous fait prendre conscience de notre toute petite condition au milieu de l’immensité de l’univers infini. Nous ne sommes que poussière et pixel…
Impossible d’en dire davantage sans dévoiler et divulgacher ce qui fait le sel de ces albums. Il faut lire Julius Corentin Acquefacques parce que ce que vous verrez dedans, vous ne le verrez nulle part ailleurs. L’imagination de Marc-Antoine Mathieu semble être vraiment infinie et a chaque nouvel album, les imprimeurs doivent être pris de vertiges et de sueurs froides tant ses trouvailles graphiques et techniques sont folles !
Enfin, évidemment, un album de Marc-Antoine Mathieu qui parle de l’infini ne peut avoir de fin. Ainsi, il le prolonge dans la quatrième dimension, celle du numérique ou le lecteur peut, grâce à la magie d’un QR code, se perdre dans une case sans fin, le renvoyant au visuel de couverture. La boucle est bouclée et le lecteur se trouve prisonnier de l’anneau de Möbius… Chef-d’œuvre !
Du grand art où la philo s’invite avec humour au chevet du non-sens et de l’absurde !
Loubrun
Il me le faut, toutes affaires cessantes !
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Oui dans ma liste de Bd indispensables.
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Il me le faut aussi !😉
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Je n’ai découvert cette série et son auteur que maintenant grâce à ma médiathèque. Impressionnés par cet excès d’imagination, nous n’avons eu de cesse avec mon homme, de rechercher et de découvrir tous les albums de Mathieu. Quelle surprise !!! En revanche, cet opus là, ne m’a pas particulièrement enthousiasmé. Trop verbeux, j’ai eu du mal à arriver au bout sans m’endormir dessus. La philosophie m’enquiquine, alors les divagations diverses sur l’infini….. Pas pour moi !
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c’est vrai que cet album est plus « perché » que les autres et plus bavard. Moi j’adore toutes ces circonvolutions de l’esprit. tiens ! tu me donnes envie de les relire ! 😉
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