Les croix de bois

Scénario : Jean-David Morvan
d’après Roland Dorgelès
Dessin : Facundo Percio
Éditeur : Albin Michel
104 pages
Date de sortie : septembre 2020 
Genre : histoire, adaptation, guerre, témoignage


« J’ai déjà été réformé deux fois pour raison de santé, mais je veux m’engager. Et j’ai besoin d’une lettre de recommandation de votre part pour y parvenir. »

Présentation de l’éditeur

Ils venaient de l’arrière, ils venaient des villes. La veille encore ils marchaient dans les rues, ils voyaient des femmes, des tramways, des boutiques ; hier encore ils vivaient comme des hommes. Et nous les examinions émerveillés, envieux, comme des voyageurs débarquant des pays fabuleux. Eux aussi nous dévisageaient, comme s’ils étaient tombés chez les sauvages.

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Mon avis

Sur la guerre de 14-18 en BD, on pense, et à juste titre, principalement à l’œuvre de Jacques Tardi. Même la couverture de ces Croix de Bois y fait furieusement penser. Ce poilu recroquevillé sur ce fond rouge sang… sur le coup j’ai vraiment cru que c’était un bouquin de Tardi que nous proposaient les éditions Albin Michel pour leur retour en BD. Il ne s’agit pas lui, vous l’avez compris et remarqué, mais de Jean-David Morvan et de l’argentin Facundo Percio qui réalisent une adaptation originale du Roman de Roland Dorgelès.

J’avoue que je ne connaissais pas ce roman, pourtant célèbre. Dorgelès était journaliste et a obtenu un passe droit pour s’engager sur le front. Il en est revenu, contrairement à son ami Alain Fournier, avec ce roman, Les croix de Bois publié en 1919, qui est l’un des tout premiers romans à raconter le quotidien des tranchées et l’enfer qu’ont vécu les poilus.

Plus qu’une adaptation à proprement parler, JD Morvan enrichit ce roman des passages coupés par la censure de l’époque et de la vie de l’auteur à cette époque. Magnifique mise en abyme du journaliste romancier qui se projetait dans son œuvre incarnant plusieurs personnages.

C’est prenant et bouleversant de bout en bout, autant pour le témoignage de la vie des soldats que pour la genèse du livre et de la vie privée de l’écrivain.

Nous avons droit à deux partitions graphiques différentes. L’une au trait épais et charbonneux rehaussé d’une colorisation ocre pour toutes les scènes du roman et l’autre au trait plus fin dans des tons gris bleutés pour dépeindre la vie réelle de Dorgelès. Les scènes de guerre sont puissantes, expressives et immersives. On y voit la désolation, la crasse, la peur, l’ennui, la tristesse, la colère, la folie et le courage de tous ces poilus partis au casse pipe. Percio ne nous épargne rien, collant ses images au plus près de la dureté du texte.

Jean David Morvan nous livre là une réinvention intelligente et poignante de ce roman culte en lui offrant une seconde vie un siècle après le bruit et la fureur des tranchées.

Loubrun

10 commentaires sur “Les croix de bois

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  1. Je me doute que ce récit doit être poignant et instructif, mais ce n’est vraiment pas ma came. Quant à l’illustration, même si elle doit bien coller au propos de la saleté de la guerre, je la trouve plutôt « moche » et les couleurs en aplats aussi !
    Bref, je serai loin de lui accorder ta note graphique !🙄😜

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      1. Tu es mauvaise langue, car je ne suis pas fan de BD de guerre en général et je n’ai critiqué que le graphisme car je peux le juger en visuel. (désolé si Loubrun l’a noté aussi généreusement qu’une Jeanne ou un CdC !)😜
        Quant à Luc B. je n’ai pas lu Après la guerre ou Luminary (super héros) car je ne suis pas attiré par ces genres !… C’est donc plus le genre qui m’importe, bien que je sois très sensible à l’humanité des personnages en général dont il est un des spécialistes.

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  2. le truc, c’est que le graphisme ne se résume pas qu’au graphisme en lui-même. C’est à dire que ce style sur une histoire romantique ne collerait sans doute pas. Qualifier ce dessin de moche est excessif. ll y a du travail, les traits des personnages sont très expressifs, les situations décrites très explicites et le dessin est parfaitement lisible. Ce n’est pas toujours le cas d’ailleurs dans des dessins de style très réalistes qui fourmillent de détails.
    Après, tu as le droit de ne pas aimer le style, mais je trouve ça mal venu de le qualifier de moche.

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    1. Tu peux trouver mal venu que je le qualifie de… plutôt « moche », comme je peux trouver mal venu de lui attribuer 4,5/5 (correspondant à « excellent » !)😳😉

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      1. Désolé, mais nous n’avons pas les mêmes valeurs sur ce qu’est un « excellent » dessin 🤔😉

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