Scénario : Didier Alcante, Laurent Frédéric Bollée
Dessin : Denis Rodier
Éditeur : Glénat
450 pages
Date de sortie : mars 2020
Genre : Histoire, documentaire
L’incroyable histoire vraie de l’arme la plus effroyable jamais créée.
Présentation de l’éditeur
Le 6 août 1945, une bombe atomique ravage Hiroshima. Des dizaines de milliers de personnes sont instantanément pulvérisées. Et le monde entier découvre, horrifié, l’existence de la bombe atomique, première arme de destruction massive. Mais dans quel contexte, comment et par qui cet instrument de mort a-t-il pu être développé ?
Véritable saga de 450 pages, ce roman graphique raconte les coulisses et les personnages-clés de cet événement historique qui, en 2020, commémore son 75e anniversaire. Des mines d’uranium du Katanga jusqu’au Japon, en passant par l’Allemagne, la Norvège, l’URSS et le Nouveau-Mexique, c’est une succession de faits incroyables mais vrais qui se sont ainsi déroulés.

Mon avis
Il y a 75 ans le monde basculait dans une nouvelle erre, celle de la puissance atomique. Les 6 et 9 août 1945, l’humanité a démontré son génie autodestructeur en larguant sur Hiroshima et Nagasaki les deux premières bombes atomiques, qui seront rapidement et justement nommées armes de destruction massive pour ensuite porter le patronyme plus soft d’armes de dissuasion.
Ce pavé de 450 pages est tout simplement un chef d’œuvre du documentaire BD. Les auteurs nous racontent la genèse de cette arme qui a débuté pendant la seconde guerre mondiale. Ils mettent en scène les faits et rien que les faits en faisant vivre tous les personnages qui ont gravité de près ou de loin autour du fameux projet Manhattan, nom de code du projet secret de fabrication d’une bombe atomique. Personne ne semble oublié, les décideurs politiques (Roosevelt, Truman), les scientifiques devenus célèbres (Einstein, Oppenheimer, Fermi…) ou pas comme Leó Szilàrd, personnage principal de cet album, qui remua ciel et terre pour que les USA développent la bombe, puis fit l’impossible pour qu’ils ne l’utilisent jamais, les cobayes humains comme cet ouvrier afro-américain auquel on injecta à son insu du plutonium pour en étudier l’effet sur la santé (expérience faite sur des dizaines de personnes y compris sur des enfants), les militaires représentés ici par le général Leslie Groves qui dirigea d’une main de fer le Projet Manhattan. Les victimes d’Hiroshima ne sont pas oubliées et les scènes de la ville bombardée sont effroyablement magistrales révélant de manière très réaliste et glaçante la puissance destructrice de la bombe.

A ceux qui ne sont pas très férus des documentaires en BD, n’ayez aucune crainte avec celui-ci. Il se lit comme une fiction historique. Les faits sont racontés dans une mise en scène très vivante et fluide des protagonistes et par une construction narrative solide agrémentée d’une voix off originale, celle de l’uranium. L’uranium placé finalement en personnage principal émaillant le récit de commentaires glaçants, cyniques, faisant monter la tension et apportant une pointe de suspense à un récit dont on connait déjà la fin.
Denis Rodier au dessin nous livre des planches en noir et blanc d’une très grande qualité. Personnages expressifs, décors fournis et détaillés, reconstitution minutieuse de certains décors, son trait efficace participe à la facilité de lecture de ce gros volume. Un document très complet, passionnant et indispensable qui va faire référence sur l’histoire de la bombe atomique.
Loubrun