Scénario : Harvey Kurtzman
Dessin : Jack Davis, John Severin, Wally Wood, George Evans, Rick Estrada, Alex Toth, Joe Kubert.
202 pages
parution : juin 2013
La guerre, pour de vrai.

Recueil de récits de guerres dont le premier numéro fut publié en 1951 aux Etats-Unis chez EC comics, Frontline combat parait tous les 2 mois et comporte 4 récits de guerre dont un sur la Corée où les américains sont alors engagés. Après 15 numéros, la publication s’arrête en janvier 1954. Ce deuxième volume reprend 28 récits écrits par Harvey Kurtzman, allant des batailles Napoléoniennes à la guerre de Corée en passant par les guerres indiennes, de Sécession, ou encore Hispano Américaine. Ces courts récits dénoncent tous la guerre avec force en plaçant le lecteur toujours au cœur de l’action, au plus près des soldats envoyés au casse-pipe.
Avec une succession sans chronologie des histoires, ce recueil nous fait voyager dans le temps en nous faisant passer de la bataille d’Austerlitz à un épisode de la seconde guerre mondiale après avoir eu un aperçu de la fin de Geronimo. Ces sauts temporels ne sont pas dérangeant ; ils nous rappellent – à toutes fins utiles – que les hommes qui se foutent sur la gueule, ça ne date pas d’hier …
Les talents de conteur de Harvey Kurtzman rendent ces récits réellement vivants tant son écriture transpire de vérité. Chaque nouvelle histoire débute par un teaser en 3 lignes qui poussent littéralement le lecteur à découvrir la suite. Le style est simple mais redoutablement efficace et on se surprend à lire ces histoires comme on écouterait un vieux grand-père nous raconter ses souvenirs. Le tout est poignant et invite le lecteur à une réflexion. Le but n’est pas tant d’exposer la guerre que d’amener les lecteurs à réfléchir sur les conséquences des actes de chacun et de faire comprendre que la grande Histoire n’est faite que d’une somme de petites histoires. Frontline Combat illustre parfaitement la phrase qu’aurait prononcé Staline : « la mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’homme une statistique ». Kurtzman préfère s’attacher aux multiples tragédies qui font les statistiques. Ainsi, les actes héroïques ne sont jamais mis en exergue, façon d’une part de ne pas rentrer dans un jeu politique propagandiste, et d’autre part de montrer que les tragédies n’ont pas de frontière.
Magistralement mis en image par les cadors de l’époque, les dessins et la mise en page pourront paraître quelque peu vieillots pour un jeune lectorat. Il ne faut pas oublier qu’ils datent des années 50, et qu’en 60 ans, la technique narrative illustrée à quelque peu évolué. Il convient donc de se replonger dans le contexte, et de les apprécier à leur juste valeur. Certains dessins marqués par un réalisme fouillé et très expressif tiennent largement encore la route, particulièrement ceux de Jack Davis et Wally Wood, résolument modernes pour l’époque.
Concernant le livre en lui-même, je regrette l’absence de bonus ou d’édito présentant cette œuvre majeure de Harvey Kurtzman. Une présentation de tous les auteurs, de la bande dessinée américaine à cette époque, du contexte de parution, permettrait d’apporter un éclairage intéressant sur l’histoire de la BD outre-atlantique et complèterait avantageusement cette anthologie.
Cela reste malgré tout un travail éditorial magnifique et un très beau livre, mettant en valeur des classiques de la bande dessinée, illustrés par les auteurs les plus talentueux des années 50 ayant influencé bon nombre d’artistes comme Frank Miller ou Alan Moore.
Un classique à découvrir.
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Loubrun





Je prend ! Le prix pour 202 pages ?
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prix conséquent mais justifié : 26 €. Et puis mieux vaut prendre un bon livre un peu cher que deux navets pas chers. 😉
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