Interview de Morgann Tanco (Siorn).

Siorn1.jpgSiorn1p.jpgSIORN T.1 – Le Parfum de la Dryade Rouge
Editeur:Soleil.
Sortie le 17 octobre.

Siorn est un homme venu des steppes glacées, un Nosvar. Alors qu’il tente de voler la perfide comtesse Ysbel, il est fait prisonnier. Ysbel et Siorn passent un marché : en échange de sa liberté, le guerrier devra ramener la tête d’Olshorn, suzerain de la comtesse. Afin de s’assurer qu’il ne s’enfuira pas à la première occasion, Ysbel empoisonne Siorn, lui promettant l’antidote en échange du fameux “trophée”.
Commence alors pour le barbare des steppes une quête des plus ardues: ramener la tête d’un puissant chef de guerre adulé par son clan, actuellement en plein conflit avec le clan voisin dirigé par Giarthen, son propre frère.
Siorn n’a de toute façon plus rien à perdre : dans quelques jours, le poison d’Ysbel lui aura dévoré les entrailles !

A la place de la chronique, je vous invite à suivre l’interview du dessinateur de Siorn (Morgann Tanco). Je pense que vous y trouverez si cette BD est faite pour vous.

Mais d’abords, peux tu nous retracer ton parcours de dessinateur pour ceux qui te ne te connaissent pas encore (saint milliard, pas bien !) ?

Je te donne la version moyenne longue en exclu !

tanco.jpgJ’ai toujours baigné dans le milieu de l’art en général. Mais c’est en lisant un Strange et un Rahan que mon père m’avait acheté, que j’ai eu le déclic. Je ne savais pas encore qu’on pouvait en vivre ou comment cela se confectionnait, mais c’est vraiment vers 9 ans que j’ai commencé à faire de la BD. Au début, pour ma gueule avec deux trois copains et mon cousin. Plus âgé, vers l’adolescence, j’en ai même fait avec mon père. Mais bien évidemment, toujours à titre amateur, et bien sûr jamais édité. De toute façon, je ne savais pas vraiment comment il fallait faire pour être édité !

Le collège terminé j’ai réussi à rentrer au Lycée professionnel d’art appliqué et communication graphique, St-Géraud à Aurillac. C’est là qu’on m’a appris le monde de l’édition et de l’impression, bref ce qu’on appelle la chaine graphique. Et ce, grâce à différents stages en maison d’édition, comme Milan par exemple et autres stages en imprimerie. Mine de rien, c’est très important d’avoir ces clefs pour le monde de la BD.

Là où ma vie pro a pris un tournant significatif, c’est vers mes 17/18 ans. Je rentre un week-end chez ma mère à Toulouse, à peine arrivé elle me dit qu’elle a un vieux pote qui vient d’ouvrir un bar, et il se trouve que son associé est scénariste de BD. Cet associé, tu t’en doutes, c’est Wilfrid Lupano, qui, à l’époque, n’avait encore rien sorti, puisque Little Big Joe (son premier album) était en bouclage pour sortir trois mois plus tard à Angoulême. Et il avait dans les cartons déjà, Alim le tanneur avec les tout premiers croquis de Virginie Augustin ! En plus, il s’est avéré qu’il était le voisin de ma mère, chez qui j’habitais encore. C’est pour te dire… Bref, je ne les pas lâché.

Trois mois plus tard à Angoulême, par son intermédiaire, je rencontre Thierry Joor (éditeur chez Delcourt). Il m’a défoncé intelligemment. Du coup j’ai pu avancer et m’améliorer.
Et c’est après bien 4 ans de relou-attitude, et un acharnement à mieux faire mes planches et mes dessins, que Wilfrid m’a proposé de travailler avec lui. On a présenté 6 mois plus tard L’ivresse des Fantôme à Thierry. Il a des doutes sur l’histoire mais le dessin lui plait. Wilfrid étoffe le scénar, je refais des planches et on signe.

Me voilà dans le monde impitoyable de la BD !

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Par rapport à L’ivresse des fantômes et le droit chemin (avec Lupano au scénario), as-tu remarqué une façon de travailler différente pour Siorn ?

Clairement !
Mais avec Wilfrid, j’étais débutant, c’est plutôt lui qui me drivait, j’apprenais ses « recettes » narratives. J’étais sont padawan. Et c’était une très bonne expérience et « école ».
Du coup petit à petit je découvrais mes propres recettes, retrouvais certaines de Wilfrid chez d’autres auteurs. J’ai commencé à rencontrer d’autres auteurs en salon, à Nantes, on a partagé, j’ai appris d’autres « trucs ». Et j’apprends encore.

Avec Sébastien Viozat (scénariste de Siorn), la grosse différence c’est que j’avais 5 albums derrière moi quand on a commencé Siorn. J’étais plus confiant et il avait entièrement confiance en moi.

Et d’ailleurs, comment est né Siorn ?

siorn 3.jpgAlors, Siorn est né tout d’abord d’une envie de revenir à mes premiers amours de gosse. D’ailleurs, petite parenthèse, un ami d’enfance, m’a dit il y quelques jours, que j’avais enfin sorti la BD qu’il attendait de moi !
Je voulais une Histoire avec un Héros, une mission/quête/voyage, un monde qui le dépassait avec ses problématiques politiques et surtout que mon héros soit bien viril et que le tout soit épique ! Bref… un univers salle bourrin, nerveux et épique avec le héros qui va avec. Je le conçois, rien de bien original. La seule différence, c’est que je ne voulais pas qu’il soit beau ! Conan, dans les récits d’Howard ou même dans les BD, est plutôt beau et musclé. Mon héros, je le voulais, musclé, oui, mais avec une vrai gueule à la Kurt Russell, Clint Eastwood, Mads Mikkelsen. Je ne sais pas trop si j’y suis arrivé mais c’était mon objectif.

En tout cas, j’ai démarché chez beaucoup d’éditeurs, Les seuls scénar qu’ils avaient à me proposer, étaient certes épiques mais toujours avec des héros gringalets. Ce qui ne correspondait pas du tout, pourtant les scénarios étaient de bonne facture.
Seul Jean-Luc Istin était vraiment à fond sur mon travail et a accepté que Sébastien Viozat m’écrive un scénario sur mesure. Après pas mal de séances de discussions et quelques semaines de recherches graphique, Siorn était né.

En lisant Siorn, le parallèle avec Conan le barbare me semble évident .C’est un univers que tu apprécies ?

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C’est un univers que j’ai découvert tout petit, 8 ou 9 ans, avec le film de Milius. C’était un été, ça passait à la télé, j’ai regardé ça avec mon grand-père. Ce fut une grosse claque ! Je ne comprenais pas tout, mais je n’ai pas arrêté de le revoir après en VHS, DVD et récemment Bluray. J’ai vu/lu comme tout le monde les BD de Buscema et d’autres, puis les illustrations de Frazzetta, reste que j’adorais ça ! Ce n’est que plus tard, grâce à Thim Montaigne et Denis Béchu que j’ai découvert les origines de ce héros. Thim m’a prêté les vielles éditions de poche (plutôt mal traduites) de « J’ai lu », justement avec les illustrations de Frazzeta. Puis je me suis acheté les dernières éditions de Bragelonne (que Thim ne voulait pas me prêter ^^), où tout a été très bien retraduit et dans l’ordre d’apparition à l’époque du pulp, Weird Tales.
Ceci dit Siorn ressemble plus à Snake de Escape from New York (NY 1997) qu’a Conan… C’est Snake au pays de Conan ^^

Mais quel temps de merde dans ces contrées reculées, tu ne t’es pas simplifié la vie sur ce coup là ?

Tu parles de l’averse en fin d’album ? En fait, c’est plus un choix narratif, ce n’était pas écrit dans le scénario. Comme cette scène était plutôt conséquente niveau pages. Je me suis dit 13 pages en simple nuit éclairées au feu, ça va être redondant pour les yeux. Du coup j’ai décidé d’appuyer le moment fatidique de cet album en y faisant apparaître une grosse averse. En plus visuellement la pluie ça évoque plein de choses. Mais il faut lire l’album, car je vais en dévoiler trop sinon.

Plus c’est compliqué plus je m’éclate, je dois être maso !

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que ton personnage principal est brut de décoffrage qui ne fait pas dans la dentelle. Ca doit être plaisant de ne pas faire du politiquement correct non ?

Comme je te le disais, Siorn c’est un peu Snake de NY ’97. ‘Faut pas le faire chier. Et là on l’oblige à jouer ses billes, alors qu’il a rien demandé, lui il veut sauver son peuple d’une guerre de clan qui le gonfle passablement. Alors s’occuper des affaires politiques d’une tigresse avare de pouvoir…
Ça me parait normal de ne pas être jouasse quand on te force à faire quelque chose. Sauf que nous, dans « nos petites vies tranquilles » on ne va rien faire, on fait l’autruche. Comme tu dis, on va être politiquement correct.
Oui Siorn c’est un peu un exutoire ! Et puis c’est un barbare, hein. Mais en fait, si tu grattes un peu, il la joue fine quelque part.

T’es tu inspiré des vraies personnes pour tes héros ?
Non pas vraiment, même si on n’arrête pas de me dire que Ysbel ressemble énormément à ma compagne… Je me sers surtout d’acteur et d’actrice, mais je fais en sorte qu’on ne les reconnaisse pas au premier coup d’œil. Le but est de m’en inspirer pour en faire de vrais personnages à part entière. Perso, ça me sort complètement du récit si on reconnait l’acteur derrière le dessin. Je me dis : Tiens ! C’est Tom Cruise qui est entrain de se battre avec un monstre, par exemple. Déjà que dans les films il y a un peu ça…

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J’ai trouvé ton trait fort proche de celui d’Alex Alice. J’aimerais connaitre quels sont tes modèles comme « maîtres » dessinateur ?

Je le prends comme un compliment !
Concernant les « maîtres », j’en ai plein ! Alice en fait parti, mais il y a aussi en vrac Uderzo, Chéret, Loisel, Giraud, Vatine, Lauffray, Meyer, Mucha, Wendling, McFarlane, Coipel, Rosinski, Franquin, Miller, Bisley, Coyote, Maester, Wrightson, Recht, Frazzeta, …… La liste est longue…

Tu travailles déjà sur le tome 2 ?
Oui, juste après cette interview 

As-tu un blog où on peut suivre tes travaux et tes rdv dédicaces ?
Oui, en plus il y a des N&B de Siorn et plein d’autres choses !

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http://lesfantomesdemorgann2.blogspot.fr/

Voilà, un grand merci  à Morgann et Sébastien Viozat pour cette BD  qui déménage. Un vrai plaisir pour les amoureux de beaux dessins et d’aventure .

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