Gaza 1956, en marge de l’histoire.

Gaza 1956.jpgGaza 19561.jpgAuteur:Joe Sacco
Editeur:Futuropolis.
Le pitch.
À l’occasion d’un reportage dans la bande de Gaza en 2001, Joe Sacco se remémore une note de bas de page lu dans un rapport des Nations Unis durant la crise de Suez en 1956. Cette note parlait d’un massacre de près de 275 villageois par l’armée israélienne. Difficile à croire, aussi le dessinateur reporter se rend une fois encore en Palestine, en 2003 cette fois-ci, pour recueillir les témoignages des survivants. Petit à petit, il remonte le fil de l’histoire pour nous délivrer un compte-rendu cruel et documenté. Comme à son habitude, Joe Sacco se met en scène, nous permettant de mieux connaître les témoins et aussi de nous monter la dureté de la vie quotidienne en Palestine depuis plus de 50 ans.

Mon avis :

Joe Sacco est un journaliste curieux et ouvert sur le monde. Las des reportages édulcorés et orientés des TV américaines et des communiqués officiels du gouvernement israélien, Sacco a déjà fait de nombreux voyages dans la zone de Gaza, région instable et dangereuse. Il en a résulté un ouvrage remarquable et remarqué : Palestine.
Cette fois, Sacco revient pour enquêter sur les massacres perpétrés par l’armée israélienne en 1956 dans les villages de Khan Younis et Rafah, faits qu’il avait découvert en parcourant un rapport de l’ONU pendant l’élaboration de Palestine. La tâche est encore plus difficile car comment expliquer aux palestiniens que l’on s’intéresse particulièrement à un épisode vieux de plus de 50 ans alors que la région est toujours en proie à une guerre qui semble perpétuelle. Mais Joe Sacco est tenace et veut faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé. Il vit le quotidien de ce peuple habitué à survivre sous les balles et les bombes et recherche les survivants et les familles de victimes afin de récolter un maximum de témoignages. Dans cet ouvrage, Sacco raconte à la première personne son reportage parsemée des nombreux témoignages qu’il décortique, analyse et surtout recoupe dans un souci d’objectivité et de rigueur. Il développe son histoire en alternant le présent et le passé comme si il voulait démontrer que la situation n’a presque pas changé en 50 ans. Le résultat donne un incroyable récit dramatique et émouvant, souvent bouleversant et dévoilant malheureusement ce que l’âme humaine peut avoir de plus noire. Tout est juste et Sacco a l’intelligence de ne pas en rajouter. D’ailleurs ce n’est pas nécessaire, les faits sont terribles et il est inutile de les accentuer.
Son graphisme noir et blanc qui ressemblait beaucoup au travail de Robert Crumb a nettement évolué. Il est désormais plus fin et d’un réalisme saisissant ce qui permet à Joe Sacco de donner une dimension saisissante à ses personnages.
S’appuyant sur une situation géo-politique complexe, Gaza 56 reste néanmoins un ouvrage difficile d’accès mais son devoir de mémoire en fait un livre qu’il faut lire et conseiller.

DIGNUS.

Gaza 1956v.jpg

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