Em Silêncio

Scénario : Adeline Casier
Dessin : Adeline Casier
Éditeur : La Boîte à Bulles
Date de sortie : 2 janvier 2025
160 pages
Genre : témoignage de migration

« Tu sais, une fois là-bas on fera les papiers et tu me rejoindras avec les filles. Elles pourront aller à l’école et sauront lire et écrire. Nous aurons une belle maison. »

Présentation de l’éditeur

Nord du Portugal, octobre 1962. Depuis la prise du pouvoir par Salazar, les arrestations arbitraires s’enchaînent et la population ouvrière s’enfonce dans la misère. Lorsque João perd son emploi, il n’ose pas tout de suite en parler à sa famille et sombre dans le désespoir… jusqu’à ce qu’un ami lui parle de la France. Là-bas, dit-on, il y a du travail, il pourra y offrir une belle maison à sa famille et y vivre heureux.

Quelques semaines plus tard, un passeur vient chercher João chez lui et le guide jusqu’à la frontière espagnole. Comme des milliers de portugais avant lui, il s’élance sur les chemins sinueux de l’espoir, où la Guardia Civil espagnole guette et le silence est roi.

Adeline Casier revient au crayon graphite sur l’histoire de son grand-père, témoin de la grande vague de migration portugaise d’Après-guerre. Un hommage solidement documenté, empreint d’une poésie et d’une mélancolie rêveuses.

Mon avis

Le crayon papier d’Adeline Casier était l’outil parfait pour animer ses personnages et donner une matière à des environnements que l’on peut objectivement qualifier d’hostiles.

Car d’hostilités (au pluriel), il est (entre autres) question dans ce premier roman graphique. Une postface fournie de Victor Pereira, universitaire, souligne et documente le récit de la jeune autrice. L’hostilité du régime de Salazar, la guerre en Angola, la pauvreté croissante au Portugal, la traversée des Alpes, les passeurs, la guardia civil, les bidonvilles. Et c’est à travers le portrait de João qu’Adeline Casier traite de la grande vague de migration portugaise des années 60/70 vers la France.

L’histoire est palpitante, le périple de João et de ses camarades d’infortune tient en haleine alors même que la lecture s’apparente, au début, à du Dickens. Si le scénario met en avant une période historique et un contexte précis, il est évident que le propos tend à s’élargir. Em Silencio renvoie à un phénomène qui demeure d’une cruelle actualité. Le sujet de l’immigration, parce qu’il attise les peurs et les haines, ne peut se limiter à une simple thématique, à un banal reportage de JT.

Personnifier le choix de quitter son pays , laisser ses proches, vivre l’enfer d’une traversée, quelle qu’elle soit, pour trouver une hypothétique paix, un possible avenir serein, c’est ce qu’Adeline Casier réussit brillamment à faire avec cet album. D’une grande humanité (dans le sens qu’elle tend à la bienveillance et la compassion), Em Silencio m’en a beaucoup appris sur une immigration finalement pas si lointaine que ça. Un premier album très prometteur.


Petitgolem13

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