Coccinelle : chercher la Femme

Scénario : Gloria Ciapponi
Dessin & Colorisation : Luca Conca
Éditeur : La Boîte à Bulles
144 pages
Date de sortie : 2 mai 2024
Genre : biographie

« Le public, dès la deuxième minute du spectacle, se moque éperdument du sexe de l’artiste et de sa vie privée. La seule chose qui compte, c’est son talent. »

Présentation de l’éditeur :

La vie sulfureuse d’une des plus grandes divas du 20e siècle, star de renommée internationale et première célébrité à avoir fait officialiser son changement de genre en France.

En 1953, au désormais mythique cabaret Madame Arthur, monte sur scène une jeune femme vêtue d’un modeste paréo mais au charme déjà envoûtant. Le public applaudit et ne sait pas encore qu’il vient d’assister à la première représentation de Coccinelle, une artiste qui enchaînera bientôt les triomphes sur les scènes du monde entier.

Pourtant, rien ne prédestinait Jacqueline Charlotte Dufresnoy, née Jacques Charles dans une famille modeste et élevée par un père violent et autoritaire, à rayonner sous le feu des projecteurs. À une époque où le travestissement est puni par la loi et le service militaire toujours en place, Coccinelle invente une nouvelle manière de vivre sa vie librement, et trace sa propre voie.

Défendue par l’avocat Robert Badinter, Coccinelle devient la première personnalité publique française à changer officiellement d’état civil et écume les scènes du monde entier, de Sydney à Rio de Janeiro en passant par Dakar. En 1989, après neuf mois de triomphe au Casino de Paris, elle se fait rattraper par ses dettes et est contrainte de prendre un temps ses distances avec son public français. Une place qu’à son retour, elle ne parviendra jamais vraiment à retrouver…

Mon avis :

Il y a des icônes qu’on regrette parfois de ne pas avoir connu avant. Des personnalités fortes, tant sur scène que dans la vie privée, qui suscite le respect. C’est le cas de Coccinelle que La Boîte à Bulles présente avec la grâce due à cette artiste de cabaret. Il faut dire qu’à l’époque de son retour en France, après avoir parcouru le monde, j’étais davantage à battre la campagne que devant les écrans, ratant ainsi le troisième mariage de la diva sur TF1 en 1996.

Mais revenons-en aux tout débuts. Jacques Charles est un gamin tranquille, réservé, qui préfère jouer avec les voisines qu’avec les garçons de son école. On l’appelle alors “petite princesse”. On est loin du portrait de son père qui est bourru et violent, un homme qui refuse que son fils devienne une “fiotte” dans un salon de coiffure. C’est pourtant la formation qu’entreprendra, avec talent, le jeune homme avant d’être découvert par ce père qui lui trouvera un métier plus viril, plus masculin (hum hum)… sans se rendre compte qu’être voiturier amènerait son fils à rencontrer des gens divers et variés.

S’en suit la métamorphose de la chenille en papillon… ou plutôt, en Coccinelle. La belle, l’envoûtante, qu’on retrouve sous la plume de Luca Conca qui rend justice aux beautés du XXe siècle. L’ère des pin-up est transposé dans les cases de cet album avec finesse et détails. Tantôt inspirée de la jeune Bardot, tantôt de l’iconique Marylin, Coccinelle devient elle aussi une égérie. Une star des cabarets, et même du cinéma. Son talent l’enverra parcourir les planches du monde entier. Mais un autre défi se joint à sa popularité : celui de devenir véritablement femme sur le papier !

Gloria Ciapponi retranscrit son parcours avec une certaine pudeur et une délicatesse qui rejoint la finesse du trait. Cette femme née dans un corps masculin, son éveil à sa véritable personnalité, la prise d’hormones, trouver un médecin compétent à l’étranger car c’est un sujet encore tabou en France en 1958, les combats juridiques également pour être enfin femme sur ses papiers, mais aussi aux yeux de l’armée dont le service militaire est encore en vigueur… toute une histoire d’ailleurs qui prouve la force de caractère de Coccinelle. La seule bataille perdue sera celle d’avoir un enfant, même à l’adoption

Un modèle, je pense, pour beaucoup de personnes trans-genres et une artiste accomplie pour le reste du commun des mortels, que j’ai pu découvrir dans cet album somptueux, élégant et authentique dans les textes comme dans le graphisme. À lire sans aucun doute.

ShayHlyn.

Un commentaire sur “Coccinelle : chercher la Femme

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  1. Ça me rappelle ma petite jeunesse où je devais avoir une dizaine d’années quand j’étais tombé sur un programme en N&B du cabaret le Caroussel de Mme Arthur avec des photos de tous le travestis, Bambi, Capucine ou Coccinelle… c’étaient mes premiers émois amoureux !😲😅

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