Bukowski – De liqueur et d’encre

Scénario : Michele Botton
Dessin : Letizia Cadocini; couleurs : Francesco Segala
Éditeur : Petit à petit
Date de sortie : 21 février 2024
160 pages
Genre : Docu-BD

« C’était ça, le résultat de l’emploi fixe. La vie s’en allait. J’étais enfermé dans une cage de routines de laquelle finalement, j’avais peur de sortir. Tu finis par détester ton travail, mais tu vis dans la terreur de le perdre. Tu finis avec une gueule comme celle de tes collègues. »

Présentation de l’éditeur

Sous l’angle du Docu-BD découvrez le parcours chaotique et l’œuvre de Charles Bukowski, grand écrivain américain du 20e siècle qui laissa une empreinte indélébile dans l’Histoire littéraire.

Bukowski. Charles. Ou Hank. L’écrivain, le poète, l’ivrogne, le vagabond. Sa vie s’est écoulée à la manière d’un robinet qui fuit… un robinet qui n’a jamais vraiment fonctionné correctement.

Auteur en prose comme en vers, en dehors de tout courant littéraire, le vieux dégueulasse a écrit pendant toute la durée de sa vie et nous laisse une œuvre unique, miroir à peine déformant d’une vie chaotique et alcoolique, faite de liqueur et d’encre.

Mon avis

Les punchlines de Charles Bukowski s’affichent régulièrement sur l’écran de mon téléphone via Instagram. J’ai souvent trouvé que le propos était aiguisé, les mots claquant et exprimant une vision sans concession du XXème siècle.

Bukowski, de liqueur et d’encre m’a permis d’en savoir un peu plus sur un auteur qui a une gueule, au sens propre comme au sens figuré. Le Docu BD de Botton, Cadocini, Segala et Boujol est assurément le meilleur de ceux que j’ai eu le plaisir de lire chez Petit à Petit. Le dessin est parfaitement adapté au propos et à l’atmosphère général du bouquin, des couleurs pâles et des ombres marquées soulignent le parcours désenchanté de l’écrivain.

Les double-pages documentées sont moins nombreuses et moins chargées que celles de Queen, AC/DC ou Pink Floyd, la lecture devenant ainsi plus fluide. Les chapitres se succèdent chronologiquement sur un papier semblant usé et qui est constellé de traces de cul de bouteilles de vin rouge, les citations succèdent aux tranches de vie d’un homme qui fascine.

J’ai clairement ressenti cette fascination d’un homme à la personnalité contestée. Le sexisme, la misogynie, l’homophobie sont, à juste titre, pointés du doigts par les détracteurs de Bukowski, voyant un vieil alcoolique libidineux plus qu’un poète et un romancier de talent.

Mais c’est le propre de la fascination que de mêler admiration et rejet. C’est justement ce que j’ai ressenti en achevant la lecture de ce docu-BD. L’écrivain décrit avec un talent admirable une Amérique dans laquelle il semble survivre, entre fatalisme et désillusion, pointant du doigt une société dont il ne peut totalement se couper. C’est ce franc-parler et cette irrévérence qui font mouche et qui font de cet album une remarquable porte d’entrée dans le monde de Charles Bukowski. En découle chez moi un désir de lire ses bouquins. Mission accomplie pour Petit à Petit.

Petitgolem13

https://youtube.com/watch?v=1xqD-Qh1Zx0%3Fsi%3DIJblPFM56OqvQvvV