Saint Elme T.5

Les Thermopyles

Scénariste : Serge Lehman
Dessinateur : Frederik Peeters
Editeur : Delcourt
Genre : Polar
Sortie : le 24 janvier 2024

Avis de l’éditeur :

Les mensonges de Stan au cimetière entraînent une cascade de conséquences. Gregor se penche sur le rôle joué par Félix Morba le soir du massacre à la ferme. Marqué par les derniers mots de Kémi, le Derviche préssent une catastrophe, tandis qu’à la Vache Brûlée, le fantôme d’Hélène Mertens se confie à Franck. La nuit tombe sur Saint-Elme ; c’est l’heure des règlements de comptes.

Mon avis :

Gregor Mazur, le grand patron des eaux de Saint Elme, ne s’est certainement pas fait que des amis et bon nombre de citoyens lui en veulent profondément. Impliqué dans un trafic d’être humains, on ne compte plus les victimes à son actif. Et si l’envie leur en prend d’en découdre avec lui, comme l’ancienne juge d’instruction quelque peu trop curieuse, les têtes sautent sans ménagement. Il se trouve justement que Mazur est en ville, pour assister à l’enterrement de son gendre Roland et offrir des parts à ses associés pour le développement de la ville.

Quant à Félix Morba, toujours en fuite : les traqueurs explorent toutes les sources ainsi qu’une nouvelle piste, à savoir le compagnon du frère de Morba, Simon Leer, un charpentier vivant dans un chalet isolé. Or, tout porte à croire que le secret de l’énigme repose sur l’identité d’une gamine au tatouage d’un œil dessiné sur son dos. L’étau se resserre et un déluge de sang entre les deux factions, à savoir les hommes de main de Mazur opposés aux frères Sangaré, semble dorénavant inévitable…

Sélection officielle d’Angoulême 2024, Saint Elme pourvoie une énergie ravageuse en matière de polar sombre moderne. Ce nouveau volet place idéalement les derniers pions sur l’échiquier, portés tous vers un final digne de grosses productions cinématographiques. Les grandes forces de Saint Elme reposent sur deux arguments de taille : la complexité de ses protagonistes, et un style graphique richement mis en relief par une palette de couleurs sublimées.

Un coup de génie signé Serge Lehman & Frederik Peeters, qui véhiculent et transmettent un ouvrage soigné, et surtout couronné d’une œuvre atypique misant sur une originalité convaincante.  Certes, la marée de grenouilles rappelle quelque peu une similitude du film Magnolia avec Tom Cruise, mais se savoure cependant à sa juste valeur.

La séquence se déroulant au chalet du charpentier en seconde partie d’ouvrage résume à elle seule la maîtrise de ses concepteurs. Ca flingue, ça canarde à tout-va, dans une effervescence de balles perdues, accentuée par un découpage efficace et calibré. On le répète, mais la variation répétitive des couleurs rougeâtres, bleutées et mauves apportent séduction et prononciations émotives.

Efficace d’un bout à l’autre. Une série que l’on ne peut que conseiller par son authenticité.
Coq de Combat