Scénariste : Kazuo Koike
Dessinateur : Ryoichi Ikegami
Editeur : Glénat
Genre : Maffieux, Triades
Sortie : le 4 octobre 2023
Avis de l’éditeur :
Tueur japonais au service de la mafia chinoise des 108 dragons, il a pour nom de code “Freeman”. Après chaque meurtre commis, il laisse couler des larmes. Quel secret dissimulent-elles ? C’est au travers de sa rencontre avec une jeune femme en quête d’amour que Freeman découvrira qui il est vraiment…
Mon avis :
A 29 ans, une jeune japonaise peintre assiste à un règlement de compte durant lequel elle fait face à l’assassin, faisant d’elle le témoin des meurtres qu’il vient d’accomplir. Un athlète forgé dans le roc, précis dans ses mouvements, qui lui dévoile son nom : Yo. Révéler son nom indique son intention : l’assassiner à un moment donné.
Contrairement aux apparences, Emu Hino ne ressent aucune crainte vis-à-vis du tueur, peint son portrait qu’elle a mémorisé, et attend presque d’être libérée du fardeau de son existence, car à aucun moment, il ne lui a témoigné de l’hostilité. Ce qu’elle ignore encore, c’est que Yo, dit le « Freeman », manquera à sa mission, et qu’au lieu de l’exécuter, il la protègera.

Œuvre incontournable du milieu des années 80, Crying Freeman se veut autant stylisé qu’en étroite corrélation avec les normes artistiques de cette décennie : provoquant, délirant, mystique et agressif. Issu de l’imagination de Kazuo Koike, à qui l’on doit notamment le prestigieux Lone Wolf and Cub, (repris sous le titre Baby Kart pour les six films de sabre) vivement recommandé pour son aspect transgressif, échelonné dans un premier temps sur 28 tomes parus chez Panini Comics, ainsi que Lady Snowblood (dont Tarantino s’est largement inspiré notamment sur Kill Bill), Crying Freeman, dit « Le Tueur qui verse des larmes », envoie du lourd pour tout amateur de séries sur les triades aux noms de codes bien spécifiques.
Car oui, contrairement à bon nombre de tueurs à gage repris sur la toile ou portés au 9e art, Koike illustre ses protagonistes d’une carapace personnifiée, chacun jouant son rôle sur mesure. Tout au long des dix tomes de la saga, le lecteur aura cette impression d’une vague titanesque le balayant d’un point à l’autre. (Cette version reprenant les 2 premiers tomes de l’ancienne édition chez Kabuto)
Certes, son héros Yo, présente fière allure, doté d’une musculature mince mais striée, tout comme son tatouage dans le dos, synonyme d’un contrat qu’il devra honorer, mais les autres figurants ne déméritent nullement et jouent clairement leur rôle également.
Pur produit esthétique, Crying Freeman lorgne avec majestuosité, rien n’étant laissé au hasard dans un style fort Old School. C’est d’autant plus marquant que la plume de Ryoichi Ikegami véhicule une ambiance pesante mais calibrée, inquiétante de par son trait et encrage épais, qui intensifie la superficie utilisée par les personnages. Des plans rapprochés ou des espaces externes peu remplis, mais idéalement conçus pour que chacun s’illustre comme il le doit.
Du manga à l’animé repris sur 6 épisodes en 1988 chez Toei Animation, d’ailleurs plutôt fidèle à l’œuvre mère, il faudra patienter jusqu’en 1995, pour que Christopher Gans, fondateur de la revue HK Magazine l’adapte pour un film long métrage, avec pour rôle du Freeman, Mark Dacascos, pour ce qui pourrait lui valoir presque le sommet de sa carrière cinématographique. (L’acteur s’est vu récemment sur la franchise John Wick)
Bien que le film réponde favorablement, il va sans dire, qu’il est difficile, voire impensable de reproduire la saveur que constitue le manga d’origine. N’oublions pas non plus, la violence et les répétitions d’actes sexuels, certains forcés suite à des punitions, des viols, ou autres séances de tortures, dont le blockbuster n’a pas bénéficié. En réalité, là ou le film piétine ou fait du sur place, le manga commence à clore et à briser tous les tabous.
Enfin, remercions l’éditeur Glénat qui coup sur coup, republie Sanctuary, suivi donc de Crying Freeman. Le papier mât retranscrit cette œuvre de la meilleure manière, à laquelle, nous regrettons juste une couverture rigide, au vu de son prix et de son format, à l’instar de Sun Ken Rock ou des Junji Ito, car on s’aperçoit qu’en tenant le livre au niveau de la tranche, contrairement aux titres cités, la reliure penche ironiquement dans le vide.
Sanctuary et Crying Freeman sont d’excellents titres dans le domaine des parrains maffieux asiatiques, point d’intersection entre un Kitano et Takashi Miike pour ne citer que les plus connus. Maintenant, il serait vraiment judicieux de projeter la publication de la plus belle des œuvres d’Ikegami aux côtés de Buronson, à savoir Heat, publié à l’époque en France chez Kabuto avant que l’éditeur malheureusement ne fasse faillite. Seuls les douze premiers tomes virent le jour, ce qui justifierait amplement une nouvelle édition de ce qui se fait de mieux en matière de gangsters et Yakuzas.
(-1 car le papier utilisé manque de rigidité)
Coq de Combat




Belle et loongue chronique dans laquelle il ne manque pas un détail !😅😜
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