Underground

Scénario : Mirranda Burton
Dessin : Mirranda Burton
Éditeur : La Boîte à Bulles
Date de sortie : 2 février 2022
272 pages
Genre : Témoignages historiques

« On ne vit pas soi-même ; on ne peut pas vivre pour soi-même. Un millier de fibres nous relient à nos semblables, et le long de ces fibres, comme le long de liens de sympathie, nos actions se répandent en causes, et nous reviennent des effets. »

Présentation de l’éditeur

Quelle est cette idée, pour le moins saugrenue et pourtant historique, d’enrôler un wombat dans la Guerre du Vietnam ?

L’histoire se passe en 1965. En Australie, les jeunes ne se pressent pas dans les bureaux de recrutement de l’armée. Pour pallier ce manque de volontaires, le gouvernement met en place une loterie un peu particulière : elle a pour objectif de désigner les prochains jeunes hommes à envoyer au front en soutien aux troupes américaines…

À Melbourne, Jean McLean, une femme au foyer (et future politicienne australienne), s’insurge contre cet appel aux armes pour le moins… inique. Il en va de même pour ses amis artistes Clif et Marlene Pugh, qui vivent dans le bush australien avec leur wombat Hooper.

Déterminée à renverser ce qu’elle appelle une « loterie de la Mort », Jean crée le mouvement « Save Our Sons » destiné, comme son nom l’indique, à protéger les fils de la nation de la machine de guerre gouvernementale. Avec d’autres militants, elle descend dans la rue pour protester. De leur côté, Clif et Marlene inscrivent Hooper, leur wombat, sur les listes du recensement afin de montrer toute l’absurdité de ce système de recrutement.

Mon avis

Inattendu petit bijou que ce Underground de Mirranda Burton. Inattendu car fondamentalement surprenant au premier abord. Une auteure néo-zélandaise qui a vécu pendant deux ans dans une résidence d’artistes découvre l’histoire de son ancien propriétaire et plus particulièrement le combat de ses ami(e)s. Une partie de l’Histoire de l’Australie va alors se mêler à celle du Vietnam. Ajoutez à cela la découverte du wombat et vous pouvez enfin vous attarder sur la couverture de ce joli volume de 272 pages.

Question : Mais où va bien pouvoir nous mener cette lecture ?

Réponse : A un très beau roman graphique empreint d’humanisme, d’antimilitarisme et de féminisme.

Les personnages de Mirranda Burton : Mai Ho, Bill Cantwell, Jean McLean ou encore Gough Whitlam ont existé ou sont encore vivants. L’auteure s’attarde avant tout sur les années 60-70 et la guerre du Vietnam, utilisant un style graphique immersif car plutôt vintage et soucieux de réalisme (notamment dans le choix des décors et des vêtements). Quelques planches se montrent plus métaphoriques et dévoilent le réel talent de la dessinatrice. Son regard sur la guerre et ses conséquences (elle cite Platon : « seuls les morts ont vu la fin de la guerre ») sont remarquablement mis sur papier.

Le scénario est à, l’image du résumé de 4ème de couv’ : à priori (mais à priori seulement) un peu tortueux. Tel un wombat, Mirranda Burton creuse dans le passé des personnes qu’elle a rencontrées et qui témoignent d’une existence pleine de combats et d’engagements. Ces tunnels seraient restés inconnus sans la curiosité et le talent de l’artiste néo-zélandaise, enfouis sous le sol d’une Australie et d’un Vietnam que le lecteur découvre petit à petit. Ces tunnels sont comme des lignes de vie qui se tracent et se croisent parfois pour le meilleur et pour le pire. Ici, c’est souvent pour le meilleur tant il est question d’action collectives, de rencontres, de luttes communes d’entraide et d’altruisme.

Une très belle surprise que je vous conseille vivement.

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Petitgolem13

4 commentaires sur “Underground

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  1. J’aime bien les lectures engagées. Par contre pas compris ce qu’etait un wombat ? A part l’animal….c’est une métaphore pour les désignés volontaires ?

    Aimé par 1 personne

    1. Le parallèle évident vient des tunnels mais finalement le wombat se personnifie peu à peu au fil du récit. Comme il est question d’une loterie pour désigner aléatoirement les conscrits, le wombat va prendre (sans être consulté) un rôle plus actif que ce que lui dicte sa condition animale. On est donc au-delà de la métaphore pour cet aspect précis. Mais ta question sème le doute dans mon esprit, peut-être existe-t-il une symbolique qui ne m’a pas sautée aux yeux. Tu me diras quand tu l’auras lu Tigrevolant.

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