A la recherche de Gil Scott-Heron, le « parrain du rap »

Scénario : Seb Piquet
Dessin : Seb Piquet
Éditeur : Les arènes BD
Date de sortie : 12 mai 2022
226 pages
Genre : BD Documentaire

« En tout cas il pouvait transformer l’annuaire en poème. »

Présentation de l’éditeur

Plongez dans l’Amérique des années 1960 à 2010 à travers la rencontre manquée entre Gil Scott-Heron et Thomas Mauceri. Un roman graphique pour les amateurs de rap américain.

Pendant longtemps, j’ai cherché à rencontrer Gil Scott-Heron, légende de la musique noire américaine, afin de réaliser un documentaire sur lui. Ma quête a été jalonnée de faux espoirs et de rendez-vous manqués. Il est mort le jour où je devais le rencontrer.

« Pendant des années, j’ai redouté le coup de téléphone d’un inconnu sorti de nulle part m’annonçant que Gil Scott-Heron était mort. Ce coup de fil, je l’ai reçu vendredi dernier. Le numéro de Gil s’est affiché sur mon téléphone. Mais ça n’était pas Gil qui appelait*. »

Non, ce n’était pas Gil.
Cet inconnu sorti de nulle part, c’était une hydre à deux têtes.
C’était Dorothée Nolan et moi, Thomas Mauceri.

Mon avis

J’ai découvert Gil Scott-Heron en prenant son album Pieces of a man dans une médiathèque. Et bim ! La claque ! Intro de batterie, ligne de basse soul et… flûte traversière. Le gars balance les premiers vers de ce qui ressemble à un poème déclamé : « The revolution will not be televised ». Quand , des années après je reconnais sa voix dans l’intro du splendide morceau de Bobby Womack, « Stupid », je me suis dit que ce poète, musicien, chanteur et romancier américain devait être archi-connu.

Étrangement pas tant que ça.

L’album de Thomas Mauceri et Seb Piquet permet de faire la connaissance (ou non) de celui qui est considéré par certains comme le parrain du rap. A la nouvelle de sa mort en mai 2011, nombreux sont les rappeurs américains qui lui rendirent hommage. Kanye West était présent à ses funérailles et a même chanté lors de la cérémonie.

Qui donc était cet homme qui, soyons honnêtes, est inconnu du grand public ? Thomas Mauceri offre un récit autobiographique captivant. Il va passer sa vie à tenter de rencontrer Gil Scott-Heron. Cette recherche va prendre la forme d’une véritable quête personnelle et initiatique semée d’embûches. Les couleurs sont pâles et froides mais peuvent se réchauffer. Le dessin de Seb Piquet colle bien avec le cadre urbain de l’histoire. Le récit de Thomas Mauceri est entrecoupé de planches évoquant les principaux succès du chanteur. La BD s’achève avec une discographie commentée pour définitivement entrer dans l’univers musical de cet artiste au parcours personnel et musical tortueux.

Chercher Gil Scott-Heron c’est remonter le fil de son existence, c’est se confronter à ses démons et ceux de l’Amérique: le racisme, la drogue, l’exclusion, les luttes de la communauté noire américaine. Les espoirs et les désillusions d’un homme et d’un pays s’entremêlent au fur ou à mesure où Thomas avance dans son investigation, au fil de ses rencontres et de ses longues attentes.

Un roman graphique qui fait preuve d’une grande richesse narrative, le lecteur est tenu en haleine alors même qu’il sait que la rencontre entre Thomas et Gil ne se fera jamais. A la recherche de Gill Scott-Heron, « le parrain du rap » (le titre est long et trompeur… les guillemets en sont un indice) est aussi un bel hommage musical et une photographie sans filtre de l’Amérique.

Petitgolem13