St Ex

Un Prince dans sa Citadelle

Scénario : Bernard Chabbert
Dessin : Romain Hugault
Éditeur : Paquet
176 pages
Date de sortie : 7 octobre 2020
Genre : biographie, aviation.

« Ce qui me tourmente ce n’est point cette misère, dans laquelle, après tout, on s’installe aussi bien que dans la paresse. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné. » Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes.

Présentation de l’éditeur :

St Ex est né à Lyon dans un milieu aristocratique, construit sur une architecture de valeurs classiques évoquant la marquise de Sévigné, les dentelles, les goûters d’enfants sous les arbres d’un jardin familial vaste comme un parc… Il est mort 44 ans plus tard, encapsulé aux commandes d’un avion de reconnaissance stratosphérique préfigurant l’âge de l’astronautique.

Entre son arrivée sur Terre et son départ dans un ciel d’été il a vécu l’aventure des pionniers de l’aviation de ligne au sein de la mythique Aéropostale, habité le désert de la côte atlantique du Sahara dans un environnement évoquant la planète Mars, sillonné le continent sud-américain du Brésil tropical au Cap Horn à bord d’avions de bois et toile. Il a commencé à écrire, est devenu grand reporter témoin de son temps en couvrant la Guerre d’Espagne, captivé le Tout-Paris littéraire avec ses récits récompensés par le Prix Femina et le Prix du Roman de l’Académie Française, récits qui ont traversé l’Atlantique Nord et fasciné des éditeurs new-yorkais qui l’ont propulsé aux côtés de Faulkner, Hemingway, Steinbeck en première division de la littérature américaine lorsque « Wind, Sand and Stars » a été nommé Livre de l’Année aux Etats-Unis.

Il a aimé des femmes, nombreuses et toujours exceptionnelles, avec fascination, passion et respect. Il a construit dans son milieu d’aviateurs des fraternités d’une immense pureté, et subi d’invraisemblables jalousies et malveillances. Il a fait la guerre la plus calamiteuse, celle de la défaite de 1940, en pilote potentiellement sacrifié. Puis il a habité New York lorsqu’elle était la plus majestueuses des villes libres de la planète, en pleine guerre. Et comme il était construit sur ces valeurs classiques rassemblées dans le sens de l’honneur, il a voulu, lorsque les évènements l’ont permis, redevenir soldat-aviateur, malgré son âge et un physique délabré par trop d’excès et accidents. Il a comploté pour arriver à ses fins, et abouti sur le baquet d’acier d’une torpille volante ultra-moderne pour l’époque, un avion de guerre désarmé et équipé de cameras de reconnaissance stratégique.

Et il en est mort.

Il aurait pu rester à New York, vivre luxueusement sur sa célébrité et les royalties de son œuvre, attendre un très probable Prix Nobel de littérature car lorsqu’on signe « Le Petit Prince », on dépasse de loin l’univers de la seule littérature. Mais il était homme d’honneur et pensait que pour avoir le droit d’écrire et de dire, il faut se mériter ce privilège…

Voici donc son histoire, en mots et en illustrations, signés de deux auteurs qui partagent avec St Ex cette fascination respectueuse des aviateurs pour la nature et ses majestueuses vérités.

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Mon avis :

Et voilà, tout est dit, salut les amis… plus sérieusement, hormis une poignée de gens sur Terre – plus ou moins grande la poignée, je n’ai pas vérifié – tout le monde connait le père du célèbre « Le petit Prince » qui demande si innocemment qu’on lui dessine un mouton (entre autres choses). Certains savent également que sa deuxième passion fut l’aviation. Un coup de foudre qu’il aura à l’âge de 9 ans en voyant les essais d’inventeurs près de chez lui, dans un grand pré propice aux tentatives de décollages et atterrissages en douceur.

9 ans et déjà la langue suffisamment déliée pour lui permettre d’accompagner un pilote en vol. Un bagout qui le mènera loin à chaque fois que les désirs de ce grand homme étaient confrontés à des difficultés. Et grand, il l’était ! 1,84 m le bougre. L’air un peu bulldog, de la prestance et une éducation sans tache lui ouvrant bien des portes… dont celles de l’Aéropostale, premier service aéroporté reliant la France à l’Afrique du nord, puis à l’Amérique du sud.

On peut dire que Saint Exupéry fut au premier plan quand l’avion devint un moyen de transport fiable. Bien qu’il ait dû expérimenter bon nombre d’engins, et par la même occasion subir quelques accidents, ça n’a pas empêcher le gaillard d’être toujours en quête d’adrénaline. Un paradoxe quand on sait combien il aima vivre dans le point relai algérien aux portes du désert du Sahara, avec très peu d’habitants ; aimant ainsi l’exaltation de voler et la quiétude de son foyer.

Son chez lui avec son épouse, dont le mariage était plutôt en dents de scie… l’amenant vers des conquêtes féminines partageant, le plus souvent, sa passion pour l’écriture. Que ce soient des membres de sa famille ou de nouvelles relations, St Ex était constamment entouré de femmes et c’est sans nul doute ce cocon qui lui a apporté une touche si particulière dans ses écrits.

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Une prose qu’on ressent un peu dans cette biographie signée Bernard Chabbert. Loin des descriptions académiques citant des sources, reprenant des témoignages tels quels, Bernard Chabbert nous livre un roman sur la vie d’un homme finalement assez simple, aimant les avions comme les femmes, avec un don prononcé pour l’écriture. Un pilote qui a connu le succès dans ses bio-fictions au cœur du monde aérien, qui s’est fait un nom comme journaliste de guerre et dont la consécration est venue avec «Terre des Hommes» édité aux États-Unis sous le titre « Wind, Sand and Stars ».

Quant au dessin de Romain Hugault, que dire ?! Un vent frais de réalisme où la luminosité rend les avions, les paysages et les traits de St Ex presque enchanteurs. Pas étonnant que son art mérite parfois de grandes planches à déplier, faisant l’équivalent de quatre pages A4 côte à côte. Tantôt des reproductions de photos parues dans la presse de l’époque, tantôt emmenant le lecteur rêver dans le ciel bleu azur…

Autant dire que ce petit bijou biographique est un must-have pour les amateurs de cet auteur qui a fait la guerre, a conquis les cieux et vécu une vie à la fois trépidante, aventureuse et si simple à la fois… dans la droite ligne de ses valeurs inculquées depuis l’enfance.

ShayHlyn.

4 commentaires sur “St Ex

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  1. Belle chronique Jeanne… à la hauteur de la célébrité du personnage et de la beauté des illustrations photographiques de Romain l’idole de Samba !😍

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  2. Au départ, c’était pas à moi de le chroniquer 😜 alors finalement, y a eu un échange de bd à lire. Mais moi qui tient à avoir une marge de un mois ou 2 grand max de retard… J’étais blême en voyant qu’il traînait depuis octobre 😱

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