Scénario : Sansuke Yamada
Dessin : Sansuke Yamada
Éditeur : Casterman – Sakka
182 pages
Date de sortie : 25 janvier 2020
Genre : seinen ; histoire
Un récit d’amitié et de guerre où le burlesque le dispute au tragique.
Présentation de l’éditeur
1945, le Japon est vaincu. De retour au pays, deux soldats qui se sont connus sur le front, le bonvivant Kadomatsu et le désenchanté Toku, se retrouvent par hasard dans un Tokyo détruit et occupé par l’armée américaine. Entre débine et combines, marché noir et prostitution, la question quotidienne de la survie est si cruciale qu’elle éclipserait le désespoir chevillé à ces âmes vaincues. Malgré tout, au fil des nouvelles solidarités qui se nouent dans l’adversité, c’est bel et bien la vie qui regagne du terrain.
Mon avis
Sous occupation américaine après sa défaite en 1945, le Japon et sa population sont anéantis. Physiquement, matériellement et moralement. Au milieu d’une ville dévastée où tout est à reconstruire, la population doit apprendre selon ses moyens à vivre ou survivre et à composer avec le vainqueur. Forcément, les tensions entre américains et japonais peuvent être encore vives et ne font qu’accroitre les difficultés du quotidien.
Avec un ton léger et grave à la fois incarné par deux personnages antinomiques, l’auteur nous propose une plongée réaliste et pleine de vie dans un monde détruit par la guerre en quête d’une voie de reconstruction. Les personnages sont loin d’être parfaits et n’ont qu’une préoccupation, la survie. Mais ils n’ont pas la vie facile. Entre l’humiliation de la défaite, les reproches de leurs compatriotes pour avoir perdu la guerre et la culpabilité qu’ont certains sous-officiers de ne pas avoir pu ramener tous leurs hommes vivants, le souvenir des atrocités commises, on voit ces soldats en totale perdition et l’on sent bien que leur reconstruction sera difficile et longue.
L’humour et la grossièreté présents tout au long du récit n’occultent pas la gravité du sujet et ne font qu’ancrer un peu plus cette histoire dans un réalisme dur et amer mais laissant toujours poindre une lueur d’espoir.
Le dessin de Yamada est simple, expressif et va à l’essentiel. Les décors ne sont pas légions, et le peu que l’auteur nous donne à voir suffit à rendre parfaitement l’ambiance chaotique.
Prévu en sept volumes, ce premier tome est accrocheur grâce à une galerie de personnages campés avec justesse, et démarre sur de bonnes bases ayant quasiment valeur de document historique.
Loubrun