Rivière d’encre

Auteur : Étienne Appert
Éditeur : La boîte à bulles
Sortie : 8 janvier 2020.
224 pages.
Genre : roman graphique, culture, dessin, introspection, histoire de l’art.

« Pourquoi tu dessines ? »

Présentation de l’éditeur :

« Pourquoi tu dessines ? » demande un jour un enfant à Étienne.

Pour répondre à son questionnement, l’auteur choisit d’emprunter ce qu’il nomme la rivière d’encre : celle qui coule depuis le tout premier trait tracé par un homme et contient chaque histoire personnelle et universelle du dessin.

La légende veut que le premier dessin ait été tracé en Grèce bien avant l’antiquité, par la main d’une femme qui voulut accrocher sur le mur de sa maison l’ombre de son aimé. C’est son histoire que nous suivons, mêlée aux souvenirs de l’auteur et à ceux de l’enfant qui l’accompagne. Et, pour un bout de chemin, François Boucq et Edmond Baudouin leur serviront de guides.

Dessiner, mais pour quoi alors ? Pour laisser quelque chose dans l’au-delà, nous qui sommes mortels ? Pour donner forme à l’innommable ? Pour accrocher l’ombre d’un être aimé sur le mur de sa maison ?

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Mon avis :

Voici un roman graphique dont le style prend tout son sens. En effet, « Rivière d’encre » parle du dessin en remontant jusqu’à ses origines. Un voyage à travers les âges et la relation qu’entretiennent les hommes avec la retranscription.

C’est ainsi que, lorsqu’une jolie petite tête blonde, à l’instar du petit Prince de Saint-Exupéry, demande « pourquoi tu dessines ? » à Etienne Appert, ce dernier décide de figurer sa réponse en montant dans une barque, suivant le courant de sa mémoire pour retrouver les héros artistiques de son passé.

Tantôt ancêtres de sa famille, tantôt artistes de renom, l’auteur prend néanmoins la peine de narrer en images ce qui devrait être la toute première expression graphique de tous les temps, selon la légende de Pline l’Ancien, attribuant le premier dessin à une femme : Saminia. Amoureuse d’un jeune guerrier bien avant l’Antiquité, elle voulut garder un souvenir de son amant, se souvenir de qui il était, ce qu’il représentait pour elle. C’est ainsi qu’elle contourna l’ombre de ce dernier que le feu faisait refléter sur le mur de sa demeure.

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Le dessin permettant ainsi de se rappeler, de s’imaginer… comme le grand-père d’Étienne quand il était enfant et qui pensait son propre père en sécurité dans une cabane dans la forêt durant la guerre, parce qu’il lui avait envoyé ce dessin pour rassurer le gamin. Ou encore les œuvres étranges de la tante d’Étienne quand elle était jeune. Des pages et des pages de créatures et de lieux sujets à l’interprétation… et enfin, parmi ces souvenirs et ces anecdotes, deux points de vue d’artistes reconnus : Edmond Baudoin et François Boucq.

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas les romans graphiques, celui-ci a le mérite de se laisser lire selon le bon vouloir de cette rivière d’encre. C’est à la fois candide grâce aux jeunes protagonistes, tantôt plus mature et décortiqué quand vient le tour des dessinateurs professionnels, mais l’ensemble reste harmonieux, poétique, … parsemé de bribes de l’histoire d’amour de Saminia et la nostalgie de l’auteur, Étienne Appert. Un dessin qui suit la ligne de conduite de cette rivière, tantôt douce et légère, tantôt épaisse et bouillonnante.

En un mot comme en cent, voici une belle façon de comprendre « pourquoi on dessine » dès notre enfance, à gribouiller des choses qui n’ont de sens que pour nos esprits innocents, jusqu’aux griffonnages en grandissant, voir les œuvres d’arts pour les artistes…

Et vous : pourquoi dessinez-vous ?

ShayHlyn

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