Scénario : ‘Fane
Dessin : ‘Fane
Éditeur : Comix Buro
70 pages
Date de sortie : janvier 2019
Genre : science-fiction
« Megan, respirez à fond ! Tout va bien ! Regardez-moi !!! Ne vous laissez pas gagner par la sensation d’enfermement ! … Ne vous focalisez pas sur les limites de votre espaces ! … »
Présentation de l’éditeur
Huis clos. Megan Rausch se remet mal de sa léthargie : nausées, troubles de la mémoire, paranoïa… Malgré les traitements et la bienveillance de son partenaire de bord, la jeune passagère glisse au fil des jours dans la folie… Aucun signe de vie, au sol. À part eux, tout est mort. Stérile. À quoi bon avoir survécu au cataclysme, si tout retour sur Terre semble impossible ?
Mon avis
Finalement, la guerre froide ne l’aura pas été très longtemps. Les États-Unis et l’URSS des années 60 ont déclenché l’apocalypse nucléaire rendant la Terre inhabitable. Un programme secret avait anticipé le coup et prévu d’envoyer dans l’espace des vaisseaux habités par des couples, sensés se réveiller des décennies plus tard pour retourner sur Terre. C’est en tout cas ce que raconte Adam à Megan, lorsque celle-ci se réveille douloureusement après 49 ans d’un sommeil forcé dans un de ces vaisseaux en orbite autour de la Terre. Adam, lui, s’est réveillé quelques mois plus tôt pour remettre en route toute la machinerie. On est en 2020, Megan et Adam sont seuls dans ce vaisseau, comme le sont les douze couples occupant d’autres vaisseaux identiques au leur. Stupeur, incompréhension, colère, questions, Megan ne se souvient de rien et doit croire tout ce que lui raconte Adam. Comment accepter cette situation ? Comment tenir le coup ? Comment accorder sa confiance à Adam ? Et comment ne pas sombrer dans la folie ?
L’exercice du huis clos en BD n’est pas facile. Il faut avoir une histoire solide, des personnages bien campés et des dialogues ciselés pour garder l’attention du lecteur. ‘Fane remplit tous ces critères quasiment à la perfection, même si le concept de deux êtres humains perdus et livrés à eux-même n’est pas nouveau. Le premier point fort de ce volume réside dans le caractère des personnages qui se révèle progressivement tout au long du récit. Ces deux-là ne sont pas des supers héros, mais semblent être des gens comme tout le monde en proie au doute, aux peurs et aux questionnements. Les défauts de chacun se révèlent et forcément, la tension monte.
Le deuxième point fort, c’est de réussir à mettre en place une situation sans quasiment rien révéler de son origine ni de son issue, tout en créant une tension narrative croissante gardant le lecteur en haleine sur les 70 pages, jusqu’au cliffhanger final qui ouvre la porte sur de multiples possibilités quant à la suite des évènements. Tout ce qui a été raconté par Adam peut-être remis en cause et le lecteur se pose alors des tas de questions imaginant de multiples scénarios. Que s’est-il réellement passé sur Terre ? Qui est vraiment Adam ? Quel est est le rôle de Megan ? Pourquoi n’y a-t-il qu’une seule combinaison spatiale et pourquoi n’a-t-elle pas le droit de sortir ? Pourquoi n’est-il pas plus facile d’entrer en contact avec les autres vaisseaux ? Et finalement, sont-ils vraiment dans l’espace ? Suspense absolu !
Vous l’aurez compris, ‘Fane réussit brillamment cet exercice du huis-clos, aussi bien sur le scénario que sur le dessin. Comme dans son précédent diptyque Streamliner, son trait semi-réaliste réalisé façon croquis amélioré fonctionne très bien et évite sans doute d’avoir des scènes trop figées. Le confinement du vaisseau n’est pas un problème. Le plus important dans ce genre, ce sont les personnages, les dialogues et les silences qui sont ici brillamment construits. Le décor est sobre et suffisamment évocateur pour que l’on s’imagine à l’intérieur d’un vaisseau.
Suite et fin dans le second volume à paraitre en mai prochain. En espérant que les multiples interrogations soulevées ici ne génèrent pas une frustration quant au dénouement que proposera l’auteur.
J’ai bien une petite idée sur l’évolution de cette histoire, mais je ne peux rien dire pour l’instant et en plus je peux me tromper …
Loubrun
Je vais la lire dès que je l’aurai car je garde un bon souvenir « Petites éclipses »… mais c’était avec un scénario de Jim !
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