Cinq branches de coton noir

Scénario : Yves Sente
Dessin : Steve Cuzor
Éditeur : Dupuis – Aire Libre
Sortie : janvier 2018
170 pages
Genre : Histoire, guerre


« Dites-moi que je rêve Lieutenant ! Si ça continue, ces Blackos vont finir par vouloir des médailles. »

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Résumé

Philadelphie, 1776. Les indépendantistes américains commandent à Mrs Betsy le tout premier drapeau des futurs États-Unis d’Amérique. Sa domestique, Angela Brown, décide alors d’y adjoindre en secret un hommage révolutionnaire…
Douvres, 1944. Le soldat Lincoln reçoit dans le camp militaire où il se morfond une lettre de sa sœur Johanna, étudiante en Californie, lui relatant la découverte de mémoires exceptionnelles : ceux d’Angela Brown. Et de précipiter une opération militaire pour récupérer ce drapeau historique détenu par les Allemands.

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Mon avis

Il n’y a pas de petites ou de grandes actions qui mènent au statut de héros. Toutes les actions comptent. C’est ce que les parents du soldat Lincoln n’ont eu de cesse de lui répéter quand il était petit, dans cette Amérique où la discrimination raciale était de mise. Ses parents en sont morts d’ailleurs de cette discrimination contre laquelle ils luttaient avec force et acharnement. Voilà leur fils aujourd’hui sur le terrain de la seconde guerre mondiale engagé avec les forces alliées, prêt à servir son pays et défendre la liberté. Mais le voilà toujours, lui et ses collègues noirs, en proie aux discriminations. Comme si on leur refusait ce droit à l’acte héroïque, ils sont cantonnés loin des combats et réduits à effectuer des tâches peu glorieuses : déplacer quotidiennement les faux chars gonflables de l’opération Fortitude destinés à tromper les Allemands sur la position du débarquement.

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Toutes les actions comptent, mais il y en a quand même qui sont plus héroïques que d’autres. Lincoln va donc saisir l’occasion qui lui est donnée de s’illustrer sur les champs de bataille en intégrant un commando de l’unité spéciale MFAA chargée de veiller à la protection et à la récupération des œuvres d’art mises en danger dans les zones de combat. Cette mission lui permettra d’honorer la mémoire de ses parents et de son arrière grand-tante Angela Brown qui confectionna le premier drapeau des États-Unis en glissant une étoile noire sous une des étoiles blanches.

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Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Cinq branches de coton noir est le meilleur album que j’ai lu depuis le début de l’année.

Yves Sente nous sert un scénario original soigné aux p’tits oignons où l’on suit avec passion et émotion l’histoire individuelle et familiale de ce soldat noir américain. La fusion entre la fiction et la grande Histoire est exécutée de main de maitre à tel point que cette histoire de drapeau est parfaitement crédible et plausible. En 170 pages il balaye l’histoire de la condition des afro américains, du 18ème siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale, à travers le destin tragique d’une famille. C’est ce qui fait la réussite de cet album où se mêlent avec intelligence saga familiale, récit historique et dénonciation d’un racisme omniprésent dans la société, dont on entend encore des échos aujourd’hui. L’autre point fort, c’est la narration au rythme soutenu et dont on sent bien les influences du cinéma, Monuments Men et Il faut sauver le Soldat Ryan en tête.

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Enfin, le graphisme de Steve Cuzor est tout simplement époustouflant. On ne l’avait plus vu depuis son XIII Mystery réalisé en 2013 et on ne peut que se réjouir de le voir revenir 5 ans après avec 170 pages d’une qualité éblouissante. Sont trait d’un noir profond ré-haussé d’une mise en couleur monochrome n’a pas son pareil pour plonger le lecteur dans l’ambiance qui est saisissante à chaque case. Exactement comme un bon film où les cadrages et les lumières sont en parfaite harmonie et font mouche à chaque fois. D’ailleurs, comme pour le scénario, le dessin s’inspire lui aussi du cinéma.

Cinq branches de coton noir, c’est du grand neuvième art avec un scénariste mieux inspiré que sur certaines des reprises qu’il pilote, et un dessinateur au top qu’on aimerait voir plus souvent, dont le style me fait parfois penser au grand Giraud. Tout simplement !

Loubrun

 

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5 commentaires sur “Cinq branches de coton noir

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  1. J’ai déjà entendu parlé de cette BD il y a quelques temps, et ta chronique me conforte vraiment dans l’idée qu’il faut que je le lise. Merci 🙂

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