
Scénario : Richaud, Frédéric
Dessin : Gil, Iván
Couleurs : Ralenti, Albertine
Adapté de : Rambaud, Patrick
Dépôt légal : 03/2014
Editeur : Dupuis
Planches : 60
Banlieue de Vienne, Mai 1809. Le pont au-dessus du Danube, véritable cordon ombilical, est rompu par les Autrichiens. Le maréchal Davout ne pourra pas traverser et soutenir l’effort du centre de Napoléon., Bonaparte n’a pas le choix : il doit effectuer un repli stratégique de tous ses corps d’armées sur l’ile Lobau.
« J’entreprends de vous initier à toutes les horreurs, à toutes les beautés d’un champ de bataille ….Il faut que de son fauteuil, un homme froid voit la campagne, les accidents de terrain, les masses d’hommes, les événements stratégiques, le Danube, les ponts, admire les détails et l’ensemble de cette lutte, entende l’artillerie, s’intéresse à ces mouvements d’échiquier, voie tout, sente…. », Honoré de Balzac, correspondance. Ce projet ambitieux a été réalisé par Patrick Rambaud. Il reprend avec beaucoup de succès (prix Goncourt et grand prix du roman de l’Académie française 1997) le défi de Balzac, dans son époustouflant roman historique, « la bataille ». Ce roman, récit complet de la bataille d’Essling (ou d’Aspern) est adapté en bande dessinée par Fréderic Richaud. Ce dernier n’en est pas à son premier coup d’essai. Il s’était déjà attaqué, avec succès, à la transposition de « la ménagerie de Versailles » que l’on retrouve en bande dessinée sous le titre « le peuple des endormis » avec Didier Tronchet. « La bataille » en BD représente un véritable défi. Le roman originel est dense. Il fourmille de détails et nous transporte d’un endroit à l’autre du champ de bataille au travers des personnages (historique ou non). Pourtant, le triumvirat Gil, Rambaud, Richaud y arrive admirablement. Fidèle au livre, la BD donne des images, un support à l’écriture de Rambaud.
Le travail est impressionnant. Les dessins et les couleurs restituent les émotions et l’intensité des moments de la guerre. Les charges de cavalerie, les mêlées qui s’en suivent sont incroyablement précises. Parfois, Ivan Gil prend un plan large englobant la plaine et les différentes unités permettant une appréciation tactique. La peur et l’émotion se lisent sur les visages des protagonistes. La détermination froide des officiers arrachent des frissons. Le calme (ou les colères) de l’empereur force le respect. L’hécatombe d’une bataille napoléonienne se déploie devant vos yeux éberlués. C’est sanglant ! C’est puissant ! Grace à la magie de ses auteurs, vous êtes partout à la fois : l’état-major, Vienne, Aspern et tous les grands noms de la campagne d’Autriche (les généraux Saint-hilaire, Masséna, Boudet, Espagne, Lannes…). Au-delà du massacre (plus de 40 000 morts en deux jours), le lecteur prend une véritable leçon de stratégie puis de tactique tout au long de ces trois tomes de 60 pages. A noter, l’existence d’un supplément historique très instructif à la fin de chaque tome.
Si cette bande dessinée a enthousiasmé votre serviteur, il est recommandé de lire, avant ou après, le roman de Patrick Rambaud. Cela permet d’apprécier à sa juste valeur le travail de l’équipe. Destiné à un public de connaisseurs, il pourrait rebuter les autres lecteurs. Il n’en est rien. Il est vivement recommandé de se plonger dans ce triptyque afin d’appréhender une bataille (ou plutôt une boucherie) du 19ème siècle sur un mode épique. Spectaculaire !
Dessin + scénario : 9.5/10
Tigrevolant




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