La Blanche Nef – Fortunes de mer : Delitte, Bianchini, Mercoldi

Scénario et couverture : Jean-Yves Delitte

Dessin : Marco Bianchini et Francesco Mercoldi

Editeur : Glénat

56 pages

Paru le 22 octobre 2025

Quand l’Histoire chavire ou un naufrage de l’orgueil humain.

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Résumé de l’éditeur

Les grands naufrages de l’Histoire

Sur son lit de mort à l’été 1087, Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre et duc de Normandie, a longtemps hésité pour sa succession. Il s’était querellé avec son fils aîné, Robert, hésitait pour son second, William Rufus, et estimait trop jeune Henri, son quatrième fils et dixième enfant. Finalement, ce sera l’Angleterre pour William Rufus, le duché de Normandie pour Robert et quelques milliers de livres pour Henri. Malheureusement pour la Couronne anglaise, la période est ô combien tumultueuse. Quand ce ne sont pas les luttes fratricides entre les héritiers de Guillaume le Conquérant qui ensanglantent les campagnes, ce sont des barons qui se rebellent, le roi d’Écosse qui cherche à envahir l’Angleterre, les Gallois qui se soulèvent ou encore des menaces françaises aux frontières du duché de Normandie. Trois décennies vont ainsi s’écouler avant que Henri, devenu entretemps Roi de l’Angleterre et duc de Normandie, puisse enfin espérer au calme. Mais le ciel est sombre et la mer houleuse en ce mois de novembre 1120. Est-il réellement prudent pour Henri 1er de faire traverser la Manche à son fils William Adelin, même si le navire porte le nom angélique de la Blanche Nef ?

Mon avis

Avec La Blanche Nef, de la collection Les grands naufrages de l’Histoire, Jean-Yves Delitte, fidèle à sa passion pour la mer et les grands faits historiques, nous entraîne au cœur d’une tragédie politique. Un drame, qui coûta la vie à l’héritier du trône d’Angleterre et changea durablement la face du royaume.

Le contexte est complexe, riche de nombreux personnages. Il n’est pas  toujours simple de s’y retrouver, lorsque l’on n’est pas familier avec l’histoire de Moyen Âge. Mais l’auteur prend le temps de poser l’intrigue, de présenter les luttes de succession, les tensions entre Normandie et Angleterre, les jeux de loyauté et d’ambition. Ce soin du détail donne une réelle densité à l’univers, mais impose un rythme un peu lent. 

Marco Bianchini et Francesco Mercoldi livrent un travail remarquable d’exactitude et de réalisme. Les planches regorgent de détails : armures, architectures, navires, étoffes… tout concourt à recréer la splendeur et la rudesse du XIIᵉ siècle. En revanche, j’ai parfois eu du mal a différencier certains personnages, comme Gaël, Erwan ou William Adelin, fils du roi, ce qui a ajouté un peu de confusion lors de la lecture.

Page 7

Ce qui fait la force du récit, c’est peut-être moins l’événement maritime que les hommes et femmes, nobles, courtisans, marins, héritiers : chacun incarnant une facette d’un pouvoir fondé sur l’orgueil et la peur.

Delitte ne cherche pas à créer un héros unique. Il peint une galerie de personnages, figures de la vanité humaine emportées par un destin qu’elles croient maîtriser. Mais face à la puissance de la mer, les hommes restent bien insignifiants. Qu’ils soient charpentiers ou rois, elle les efface avec la même indifférence.

Solide, soignée, et nourrie d’un sens aigu du réalisme historique, La Blanche Nef s’impose comme un chapitre marquant de la collection Les grands naufrages de l’Histoire. Les lecteurs en quête d’action immédiate pourraient être déçus, mais l’album séduira ceux qui apprécient les fresques historiques minutieuses.

En refermant l’album, on mesure que le véritable naufrage n’est peut-être pas celui du navire, mais celui de l’orgueil humain, convaincu de dominer une nature qui, patiemment, finit toujours par reprendre ses droits. Et notre époque en porte l’écho : quand les mers montent, que les forêts brûlent et que les tempêtes se déchaînent, c’est encore la même leçon que la mer murmure — celle de notre fragilité face au monde que nous pensions maîtriser.

DenSi

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