Scénario : Mathieu Palain
Dessin : Valentin Maréchal
Éditeur :Steinkis
Date de sortie : 11 septembre 2025
184 pages
Genre : Enquête
« La violence ne définit personne. On a beau être drôle, attachant, sensible, intelligent, on peut aussi être violent. »
Présentation de l’éditeur
Si les monstres ça n’existe pas, qui sont les auteurs de violence ? C’est la question que se pose Mathieu, journaliste, lorsqu’il rencontre Cécile. Cette jeune femme, victime de violence conjugale, essaie de comprendre ce qui lui est arrivé. Entre Mathieu et elle, un lien se noue. Mathieu débute son enquête au sein de groupes de parole d’hommes condamnés pour violence conjugale. Mais pour questionner les hommes et leur violence, il faut aller plus loin, auprès des chercheurs, d’associatifs, de psychiatres. Avec Cécile, Mathieu regarde aussi sa propre histoire et tente de comprendre cette violence qui traverse la société. Car pour s’attaquer à la violence des hommes, il faut accepter de la regarder en face.

Mon avis
Mathieu Palain a collaboré avec Valentin Maréchal (auteur de Le Phare) pour adapter son essai en BD. Celle-ci permet, pour reprendre les propos du scénariste : « de prendre au piège des lecteurs qui n’auraient jamais lu le livre dans sa version initiale. ».
Mathieu mène une enquête en tentant de trouver et décrire les racines des violences conjugales. Il écoute pour cela des victimes, des psychiatres mais aussi les hommes qui ont été condamnés pour violences.
Cette violence n’est jamais représentée sans filtre, dans son état brut, évitant ainsi toute esthétisation de celle-ci. Pas de scène de gifle, de cheveux tirés ou de coups de pieds dans les côtes. Mais ne pas la voir ne veut pas non plus dire qu’on ne la ressent pas, car elle est tout le temps là, les propos sont forts, les voix semblent audibles, chevrotantes. Les tensions, les rancœurs, les incompréhensions et les peurs sont palpables.
L’auteur ne juge pas ceux qu’il écoute et enregistre (il existe une série de podcasts), il essaie de comprendre cette brutalité ( 270 000 plaintes ont été déposées en 2023) qui perdure. Mathieu s’interroge d’ailleurs lui-même sur cette dernière en tentant de faire le point sur sa propre façon d’agir et de réagir. Le phénomène en devient communicatif. Les témoignages de ces hommes se succèdent et permettent d’y voir plus clair, de décrypter notre rapport à la violence en tant qu’individu et l’image de la femme battue dans notre société. Car c’est la prise en compte de la parole des femmes qui est est décrite comme essentielle tout comme le discours (souvent empreint de déni) des hommes qui sont passés à l’acte.
Nos pères, nos frères, nos amis est un roman graphique fort qui met à plat les différents mécanismes des violences faites aux femmes. Il souligne admirablement la complexité des rapports humains , du couple, et porte comme une évidence la nécessité d’agir contre ce fléau.
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Petitgolem13




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