Merveilleux

Scénario : Cookie Kalkair
Dessin : Cookie Kalkair
Éditeur : Steinkis
Date de sortie : 20 mars 2024
224 pages
Genre : récit autobiographique

« Bah tu sais, moi je vis avec lui, on se parle tous les jours…Donc je suis vite devenue bilingue ! Maintenant, je parle couramment le « Merveilleux ». « 

Présentation de l’éditeur

« Je n’ai jamais été très proche de mon père. Un océan nous sépare. Littéralement – depuis que je vis au Québec. Pourtant, lorsque j’apprends son AVC, je saute immédiatement dans un avion. À l’hôpital, dans un temps suspendu, je retrouve une petite sœur que je n’ai pas vue depuis des années. C’est l’attente… et le couperet tombe : notre père restera aphasique, il a perdu l’usage de la parole. Il lui reste à peine quelques mots… dont “Merveilleux”. »

Alors que Cookie et ses proches réalisent peu à peu les conséquences de cet événement, tous doivent apprendre à vivre avec le handicap. Mais dans la tragédie, les réactions de chacun se révèlent parfois inattendues.

Ce drame pourrait-il être une nouvelle chance ? La chance de se parler, de renouer les liens et de construire ensemble une nouvelle famille…

Cookie Kalkair nous offre ici, avec tendresse et humour, son récit le plus personnel.

Mon avis

Cookie Kalkair aime parler de la famille, que ce soit dans Les Jeux Vidéo et nos enfants, Parents des années 80 ou encore Les Réseaux Sociaux et nos Ados. Ici il fait une chronique intime sur sa famille, avec beaucoup de tendresse et d’humour. Derrière le drame de l’AVC dont son père est victime rayonne un récit résolument positif.

Le dessin et les couleurs lumineuses sont dans le ton du scénario, formant un tout qui « se lit tout seul ». Les tensions et les querelles familiales sont présentes mais Cookie Kalkair, avec esprit et auto-dérision, analyse sa structure familiale alors que celle-ci est chamboulée par l’accident de son père. Les distances, physiques et relationnelles, se réduisent (on suit l’évolution de la situation sur plusieurs années), le temps faisant son œuvre.

Il est question de générations qui doivent cohabiter par la force des choses, jonglant avec les personnalités, les postures et les compromis. L’AVC renvoie à la vacuité de la vie, à la nécessité de vivre l’instant présent pleinement, soit pour rattraper le temps « perdu », soit pour dessiner un avenir un temps soit peu meilleur, ou tout du moins différent. Le père ne parle plus qu’avec des mots clés, dont le fameux « merveilleux » qui renvoie un optimisme qui fait du bien.

Merveilleux sonne toujours juste, interroge sur les rapports humains et filiaux, renvoie une authenticité qui entraine une inévitable identification chez le lecteur quinqua que je suis. Cookie gère son papa, sa sœur et ses propres angoisses. Les échanges entre les personnages laissent place à des dialogues savoureux, chacun cherchant sa place dans ce théâtre mouvant.

Un joli coup de cœur évidemment, parfait en cette période de vacances.

Petitgolem13