Electric miles – tome 1 – Wilbur

Scénario : Fabien Nury
Dessin : Brüno
Couleurs : Laurence Croix
Éditeur : Glénat
82 pages + 20 pages de bonus
Date de sortie :  avril 2025
Genre : thriller ; fantastique

 

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« Vous êtes un bon agent Morris. Si je possédais le monde, je vous en donnerais 10%. »

 

Présentation de l’éditeur

Los Angeles, 1949. Parmi les rayons d’un magasin de comics, Morris Millman, agent littéraire, croise une de ses idoles : le prolifique et brillant Wilbur H. Arbogast, qui a jadis publié de nombreuses nouvelles dans le magazine pulp Outstanding. Mais Arbogast, fantomatique et secret, n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été. Morris rêve de remettre Wilbur sur le devant de la scène. Aurait-il un texte, n’importe quoi à vendre, à promouvoir ? Oui, peut-être… Mais ce livre promis est aussi toxique, il rend fou, il tue. C’est du moins ce qu’affirme l’auteur déchu… L’agent, appâté, veut à tout prix publier ce texte, le vendre à des producteurs de cinéma, tout ça sans même l’avoir lu. Il vient, sans le savoir, de réveiller la folle volonté de puissance d’un auteur dément. Wilbur H. Arbogast ne veut pas seulement vendre un livre, il veut créer une bible.

Mon avis

Un livre mystérieux dont le contenu peut tuer, un agent littéraire qui cherche le coup éditorial du siècle, un écrivain d’histoires SF sur le déclin animé par un projet totalement démentiel… voilà trois ingrédients qui font le socle de cette nouvelle série du duo de choc Nury/Brüno.

Avec Electric Miles, ils nous emmènent sur les pentes vertigineuses d’un thriller noir aux relents fantastiques et psychologiques, dont le suspens nous submerge dès les premières pages. Il nous submerge et nous déroute totalement. C’est visiblement le parti pris narratif qu’a choisit Fabien Nury. Il jette le lecteur dans cette intrigue sombre dont on ne saisit pas pour l’instant tous les enjeux. Il faut s’accrocher et accepter de ne pas avoir toutes les réponses tout de suite. Il faut accepter de subir cette ambiance pesante, presque hypnotique et de se laisser manipuler par cette atmosphère mystique.

On sort de cette lecture avec un sentiment étrange où se mêlent frustration et fascination. Frustré d’avoir été un peu trimballé dans ce récit parfois hermétique, mais aussi fasciné par sa densité et sa profondeur. Librement inspiré de la vie de Ron Hubbard, fondateur de l’église de scientologie, ce thriller, prévu en plusieurs tomes, promet d’explorer des thématiques autour de la création, la manipulation, la mémoire, le pouvoir, les pseudos-science, la folie, le génie, le sectarisme….

Le dessin de Brüno est évidemment unique et reconnaissable entre tous. Lignes claires, aplats noirs, jeux de clairs obscurs, traits des personnages épurés, stylisés et à la fois très expressifs … je suis un fan absolu ! Brüno semble atteindre dans cet album des sommets jamais atteints ! Avec l’aide de la superbe colorisation de Laurence Croix, son dessin sans fioritures et ultra précis, restitue parfaitement l’ambiance mystique et hypnotisante de l’intrigue. Je recommande d’ailleurs la version couleur plutôt que la noir et blanc. Les couleurs en aplats se marient très très bien avec le style de Brüno.

Voilà un premier tome qui met l’eau à la bouche pour une série au titre énigmatique (clin d’œil à Philip K. Dick ?) qui semble très prometteuse.

Loubrun