Dessin : Yûki Satô
Scénario : Mitsuchi Yomaru
Editeur : GLENAT
Editeur d’origine: Shueisha
224 pages – broché
Parution : 02 novembre 2024
Genre : Shonen
Ouvrez votre troisième œil, et le bon !

Résumé de l’éditeur.
Partout dans le pays, on signale de mystérieux cas de cadavres retrouvés momifiés… La rumeur enfle sur les réseaux où on leur donne le surnom de “mummily”. Un beau jour, Seita, un jeune garçon capable de voir les esprits, remarque que son ami Hayato a un comportement étrange. Il décide alors de se rendre chez lui. Qu’y découvrira-t-il ? Une ombre ténébreuse pèse sur l’humanité !
Renouant avec les peurs ancestrales et les revenants, Éclipse humaine vous plonge dans les affres d’écoliers tentant de comprendre les phénomènes qui les entourent, entre métempsycose et réincarnation post mortem.
Mon avis.
Dés le début, on s’attend à un énième shonen légèrement tinté d’horreur. Ça en devient même presque ridicule de s’imaginer des enfants, du haut de leurs 12 ans venir à bout de cadavre possédés grâce au pouvoir de l’amitié… Jusqu’à ce que le sous-texte du récit nous mette une claque ! En effet, les « être chers se transformant en momies qu’il faut affronter » sert ici de métaphore au thème principal : la maltraitance. On comprend alors immédiatement que l’on s’engouffre dans une épopée grinçante où l’horreur des monstres passe au second plan. Le concept est tout aussi créatif, qu’ingénieux des êtres chers devenant des monstres : c’est lorsqu’un être cher vous maltraite qu’il risque de se changer en monstre. Et ce, sans que vous ne le remarquiez, insidieusement. Avec son écriture Mitsuichi parvient donc, sous couvert d’une histoire d’enfants affrontant des monstres, à nous plonger dans toutes les caractéristiques morbides et glaçantes de la maltraitance. On y retrouve ainsi les scènes classiques du héros devant tuer un être possédé mais cette fois-ci avec cette subtilité diablement efficace : il n’y a pas eu besoin du surnaturel pour que la situation ne soit horrible, pour que cet être que l’on ne peut s’empêcher d’aimer ne nous fasse du mal.
Ce premier tome pose surtout des bases qui s’annoncent solides pour son univers, tout en plaçant les éléments pour la suite. On peut facilement deviner les règles et enjeux qui nous sont donnés pour créer une intrigue remplie de tension et de retournement. Il ne reste plus qu’à voir si la suite prendra plus le chemin du thriller, utilisant l’horreur de ce premier tome comme accroche ou s’il continuera sur sa thématique en explorant les relations toujours plus malsaines entre les personnages.
Le dessinateur sait s’économiser avec un style assez neutre pour les scènes banales et pour se lâcher dés qu’il s’agit de montrer de l’horreur, avec un travail de la texture rafraîchissant. Il ajoute ainsi à la sensation de l’horreur s’immisçant dans la vie prétendument innocente des personnages principaux.
J’ai cependant trouvé les sauts temporels fatigants. Ces pages qui semblent avoir été arrachées au milieu d’une scène pour en faire une introduction accrocheuse qui brouille plus la compréhension du récit qu’autre chose… Bien que je comprenne que ça se répande avec le besoin des œuvres de convaincre immédiatement, je trouve quand même cela dommage. Certains bons auteurs arrivent à l’intégrer plus habilement au sein de leur travail, en leur donnant un véritable intérêt.
J’espère juste que ce récit ne se perdra pas dans une lutte aseptisée et manichéenne car cela lui enlèverait tout son intérêt et sa patte effroyablement suffocante. Ce fond rude et froid mis en image par un imaginaire créatif.

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ARTHUR

Bienvenue à Arthur à qui je conseillerai de mieux accorder les pluriels !
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