Les Voyageurs de l’espace temps
Auteur : Boichi
Editeur : Glénat
Genre : Science Fiction
Sortie : le 16 avril 2025
Avis de l’éditeur :
HOTEL – Since A.D. 2079 Présent. Rien que pour les thons. La tête dans le ciel, les pieds sur terre. La légende de la nuit. Diadem. Histoire courte SF 1 – Lot. Histoire courte SF 2 – Kenji le roi de l’invention. Commentaire de Boichi lui-même.
Mon avis :
Certains lecteurs s’en souviennent peut-être : Un one shot sorti en 2011, également paru chez Glénat, du nom d’Hôtel, reprenant cinq récits alliant mystère, SF et une touche d’exotisme. A cette époque, Boichi gravissait déjà les marches de la gloire avec ce qui, à ce jour, demeure sa série phare : Sun Ken Rock, un uppercut dans les gencives, dévoilant une touche esthétique innovante, comme lui seul en possédait la recette.
Quasiment 15 années plus tard, les éditions Glénat vont publier certains de ces récits, mais plus encore puisque à lui seul, ce premier opus divulgue huit récits se concentrant sur des héros énigmatiques prenant place à des lieux divergents.
En l’an 2079, suite aux conséquences du réchauffement climatique, chaque espèce se voit menacée d’extinction. Afin de pallier ce processus irréversible, des scientifiques mettent au point une Arche contenant de l’ADN humain, expédié sur une autre planète ainsi que l’élaboration d’une Tour de plus de quatre kilomètres sur l’océan Antarctique, rassemblant des échantillons des autres espèces terrestres, gérée par une AI du nom de Louis.
Les océans se réchauffent, l’atmosphère également, impactant des milliards d’humains et de créatures peuplant à l’origine cette si belle planète. Mais cette lueur d’espoir pour se rendre sur une autre planète habitable prendrait environ 170 000 années, ce qui conduirait les générations actuelles à disparaître totalement.
Ce projet pris lieu en 2031 avec un acharnement exemplaire, où tout un chacun, impliqué à ce tour de manivelle, s’investit à cent pour cent. La conservation de l’ADN, quant à elle débuta en 2055, avant d’atteindre son pic culminant cinq années plus tard, réunissant les foules en quête de préserver leurs échantillons d’ADN.

Ce diptyque de Boichi s’adresse immanquablement aux aficionados de l’artiste, ainsi qu’aux férus de SF avant-gardiste. L’album se veut assez compliqué dans son approche jouant sur les épreuves de l’Humanité face aux risques encourus, sa presque fatalité suite à sa méga-pollution, et sa mince espérance de proclamer une éventuelle suite à leurs futures descendances loin en aval.
En l’espace d’une vingtaine de planches, on recense un nombre incalculable de dates, parfois en ordre chronologique ou pas le moins du monde, de quoi peut-être irriter le lecteur par tant d’informations rébarbatives. Pour peu, on se croirait dans un documentaire écologique et apocalyptique faisant craindre le pire à tout le monde.
Ceci dit, une fois préenregistrées ces informations répétitives, on ressent le talent de Boichi à nous embarquer vers un voyage de la Genèse d’un projet, à sa semi conclusion, dévoilant comme cela se pratique lors d’une actualité télévisée, les dérives d’une pollution à outrance. Raz de marées, explosions terrestres, des millions de gens expédiés illico presto vers leur tombeau éternel… La même chanson en boucle.
Parvenus à ce stade de la narration, l’auteur joue sur ses connaissances en matière de physique, d’architecture et de conceptions technologiques. Intéressant et instructif bien qu’un soupçon éducatif, voire scolaire émane de ces descriptions. Bref, ce concentré demeure trop littéraire, impacté en surface.
Bien plus tard encore sur l’échelle temporelle, des créatures à l’aspect d’hybrides robotiques apparaissent, il s’agit de nouvelles versions des descendants de l’Humanité, de retour sur Terre suite à un rétablissement de celle-ci.
Les autres mini récits qui suivent se veulent plus terre à terre, bien qu’agencés sur la prolongation de l’existence coûte que coûte, jouant sur des thématiques plutôt variées : l’opération d’une belle jeune femme afin de lui permettre de vivre plus longuement ; une histoire sur les diverses catégories de thons que recèlent rivières jusqu’au moment où complètement vidées des mers, il n’en reste plus aucun…
Autant l’annoncer, ces histoires courtes partent clairement dans tous les sens, avec pour seul fil conducteur, solutionner le problème de la fatalité de la disparition des espèces. Par moments, on se demande clairement ce qu’on lit, vu la construction plutôt en dents-de-scie des sujets exploités.
Contrairement à Origin, qui se voulait exceptionnel en tous points, série terminée en dix tomes conçue également par le talentueux Boichi, on reste quelque peu indifférent, voire perplexe, ou encore déconnecté de ce fuseau horaire, ennuyeux et brouillon de l’auteur. C’est plutôt froid et rigide, l’action connue par l’artiste est aux abonnées absentes.
La qualité graphique de son côté offre soit une teneur absolument parfaite, soit un style enfantin à outrance. Bien entendu, on avait déjà connu pareille démarcation graphique sur Sun Ken Rock, mais à moindre cadence. Délicat donc de passer du coq à l’âne, de contempler un trait hyper perfectionniste, somptueux, au millimètre près à… trois pages plus tard, à des dessins clairement puérils.
En résumé, à moins que vous soyez pris d’un élan de vous tracasser à outrance du sort destiné pour notre chère planète d’ici environ un demi-siècle, Les Voyageurs de l’espace temps n’atteignent hélas pas le niveau d’Origines et encore moins celui de Sun Ken Rock. On passe de l’action et la sensualité à outrance pour ses autres œuvres phares à celui d’un désert aride et asséché de toutes victuailles de ces thématiques précitées. Par ailleurs, en dépit d’une impressionnante technique graphique sur les deux tiers de l’album, l’autre tiers joue les baby-sitters, de quoi nous laisser perplexe.
On retiendra cependant la magie de Boichi à certains moments ci et là, qui témoignent qu’il s’agit d’un auteur réellement talentueux, bien que ce titre fasse néanmoins partie du moins éloquent et impressionnant de son catalogue.
On espère vivement que l’artiste nous revienne sous les feux de la rampe avec un titre choc à la sauce Sun Ken Rock. Affaire à suivre …
Coq de Combat







Pfiouuu !… je ressens comme une grosse fatigue après la lecture de cette chronique, d’un coup !🥶
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