Les fesses à Bardot

Scénario : Philippe Pelaez
Dessin : Gaël Séjourné
Éditeur : Grand Angle
155 pages
Date de sortie :  8 janvier 2025
Genre : humour

 

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« Vous êtes sur le point de tomber amoureux…

– À quoi voyez-vous ça ?

– Quand vous la regardez, vous avez l’air moins intelligent… »

(Et Dieu…créa la femme – 1956 – Roger Vadim)

Présentation de l’éditeur

Trougnac est un petit village paisible rythmé par les conversations au Café des Sports, les messes dominicales et les séances de cinéma à l’Eden, juste à côté de l’église. Rien d’extraordinaire ne s’y produit jamais. Jusqu’au jour où un inconnu, Conrad Knapp, s’y arrête. L’homme est un repéreur de décors chargé de trouver le village qui servira de cadre au prochain film de Brigitte Bardot et de Jean Gabin. Et pour preuve, il a en sa possession une photo de la scène censurée du film d’Autant-Lara, En cas de malheur, où la célèbre actrice montre ses fesses. Les habitants vont alors l’héberger, le nourrir, le choyer et tout mettre en œuvre pour le convaincre de choisir leur village.

Mon avis

Il y avait longtemps que je n’avais lu un album aussi plaisant. Philippe Pelaez nous donne un charmant récit qui fleure bon la France des années 50 et qui, de plus, est un bel hommage au cinéma. On se doit de repèrer dans les dialogues les nombreux titres de films célèbres et chaque chapitre est titré et comporte un extrait du dialogue d’un film de l’époque. Se servant d’une scène coupée du film En cas de Malheur (que vous pouvez facilement retrouver sur le net), Pelaez imagine un récit dans lequel tout un village de braves gens se met à rêver de la venue de Jean Gabin et Brigitte Bardot, espérant que leur village soit choisi pour leur prochain tournage. Le récit est sublimé par le talent d’illustrateur de Gaël Séjourné qui a su reproduire la fraicheur de ces années insouciantes.

On se doute cependant, dès le début de l’histoire, que l’affaire est trop belle et que Conrad, le repéreur de décors, semble bien trop souriant et gentil pour être honnête. Qu’importe, tous les habitants vont essayer de le convaincre en le couvrant de cadeaux (et plus) afin qu’il choississe leur village pour le futur film. S’ensuit une floppée de scènes plus hilarantes les unes que les autres où tout le village (sauf le curé intraitable et Mme Garnier la bigote du coin) s’emploie à convaincre (soudoyer dirons-nous) ce brave Conrad. Jusqu’à la scène finale de l’aventure qui n’est pas sans rappeler la foule en quête de lynchage montant à l’assaut du château de Frankenstein. J’avoue aussi avoir été surpris par le « twist » qui achève l’épopée !

Les fesses à Bardot est également une belle manière de nous parler d’une France rurale qui n’existe plus et qui commençait alors à se moderniser (le village n’a pas assez d’habitants pour obtenir la création d’une pharmacie) et à s’ouvrir au Monde (le cinéma construit en face de l’église). Un magnifique album qui laisse aux « vieux » lecteurs comme moi, comme un goût de nostalgie. Enjoy. 

JR