Rigor Mortis
Scénariste : Luc Jacamon
Dessinateur : Matz
Editeur : Casterman
Genre : Polar
Sortie : le 16 octobre 2024
Avis de l’éditeur :
» La mort et la vie, c’est noir ou blanc. Presser sur la détente, c’est oui ou c’est non… » Le Tueur aimerait croire en cette sentence, mais lorsqu’il se retrouve avec une petite fille rescapée d’une tuerie sur les bras, il se refuse à l’abandonner.
Mon avis :
« Il vaut mieux être riche et coupable que pauvre et innocent »
La mort du procureur avait ébranlé le réseau, mettant à mal de nombreux pontes qui jusqu’alors s’imaginaient être à l’abri. Le Tueur, quant à lui, bouscule son modus operandi, allant jusqu’à sauver la vie d’une gamine. Dès lors, ni lui ni Barbara n’éveillent les soupçons de leurs commanditaires, évitant ainsi toutes représailles supplémentaires. Mais c’était sans compter un assaut d’agents super entrainés, dont l’unique fonction consiste à effacer les preuves.
A nouveau, le Tueur se retrouve en cavale, avec en prime cette fois-ci, une enfant sur les bras. Direction les Pyrénées, à l’abri dans l’une de ses planques dans un chalet dégarni de toute civilisation…

Matz & Jacamon remettent le couvert, clôturant ainsi le cycle Affaires d’états de manière fluide et fidèle au style du Tueur. Pas sûr qu’il s’agisse du meilleur arc, mais qu’importe, puisque nous retrouvons d’amont en aval ces ingrédients fidèles au genre qui ont su placer cette saga au panthéon du polar urbain.
A l’heure d’aujourd’hui, chacun s’estime être un héros, une victime, un dommage collatéral en réponse directe d’un malaise sociétal ou porté par des ailes le menant sur un piédestal. La voix off du Tueur résonne en échos et en effet de boucles dans nos méninges presque à l’instar de textes mantras.
Sordides mais justes ; défaitistes mais poignants ; acerbes mais tellement virulents, il faut croire que la violence du texte, de chaque mot et syllabe utilisé d’une main de fer par Matz résonne dans le firmament éternel, conduisant « les pauvres mortels irrécupérables que nous sommes tous » vers leur unique destinée : prendre tout ce qu’il y a à prendre sur cette planète avant de rendre son dernier souffle. En quête d’une liberté passagère vis-à-vis de soi-même et surtout de l’autre, en réponse à la famille, aux proches et aux inconnus de se libérer de leurs chaînes sournoises, et idéalisant ainsi leur existence qui pour la majorité demeure médiocre, superficielle.
C’est ainsi donc que se termine cet arc, tout de même un peu moins fourni que les précédents si l’on pointe et compare son côté intrigue, tout en conservant son cheval de bataille avec cette approche ultra-réaliste de l’analyse du genre humain.
Espérons que le Tueur revienne par la suite pour de nouvelles têtes à occire et nous conter de manière scandaleuse mais tellement pourvue d’un certain charme, l’individu sommaire, un tout un chacun, livré au néant !
Coq de Combat



Et voilà une chronique philosophique faisant concurrence à notre scénariste !
Ça mérite bien une bannière…
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