Macrales et Corbeaux

Scénario : Ghi
Dessin : Ghi
Éditeur : Glénat – Collection Treize Etrange
Date de sortie : 18 septembre 2024
120 pages
Genre : Road trip mouvementé

« Quand on tire, on ne raconte pas sa vie. »

Présentation de l’éditeur:

En plein hiver et au lendemain de la Révolution française, deux prêtres réfractaires, les pères Antoine et Martin, fuient à travers la forêt de Wallonie. Ils tentent d’échapper à leurs poursuivants, des sans-culottes bien décidés à mettre la main sur les reliques de Saint Lupicin que les deux prêtres ont emportées pour les protéger des affres de la Révolution. Mais les révolutionnaires vont bientôt devenir le cadet des soucis des hommes d’Eglise… Plus ils s’enfoncent dans les bois, plus l’impression d’être épiés se fait forte. Quelques bruissements d’abord, puis des cris et des rires déchirent le silence de la forêt ! Le père Martin, le plus vieux des prêtres, en a maintenant la certitude : ils sont la cible des macrales, ces sorcières de Wallonie ! Terrorisé, le jeune père Antoine va finir par comprendre que les macrales sont animées d’un désir de vengeance à l’encontre du père Martin. Sous son air débonnaire, celui-ci a déjà eu maille à partir avec les sorcières et a tué l’une d’entre elles, déclenchant l’ire de ses sœurs !

Mon avis

Ghi est un très jeune auteur belge. Macrales et Corbeaux est son tout premier album. Il en est à la fois le scénariste et le dessinateur. Il y a du Manu Larcenet, période Le Retour à la Terre, dans les traits de ses personnages. Les couleurs sont pâles, les décors renvoient une froideur tant hivernale que dramatique.

Apprendre que Ghi a suivi une formation de garde forestier est une demi-surprise, il a choisi la forêt comme théâtre des aventures de ses deux atypiques héros. Le scénario manque un peu de consistance, et peine à sortir du train-train du road-trip. On suit les pas des Pères Antoine et Martin dans la neige, sans grande surprise(s) alors même que l’idée de départ est particulièrement séduisante. Le récit se construit avec des éléments scénaristiques qui m’ont rapidement plu. L’album est une sorte de western dans la forêt wallonne à l’époque de la Révolution, les hommes d’église devant fuir l’anti-cléricalisme des révolutionnaires et l’acharnement de macrales (sorcières en wallon liégeois).

C’est sur les épaules de la personnalité du Père Martin que repose une grande partie de l’intrigue. Il me fait penser au Mendoza des Mystèrieuses Cités d’Or, personnage éminemment humain car d’une ambivalence évidente. Les doutes autour du passé et de la foi de ce dernier met en lumière une église qui est loin d’être irréprochable. Le Père Antoine constate une réalité douloureuse qui remet en cause des croyances qui le contiennent en tant qu’individu. Le parcours devient pour lui initiatique.

La marche est longue pour les deux hommes d’église, elle peut l’être aussi pour le lecteur, le scénario aurait gagné à être plus fouillé, moins linéaire. Mais Macrales et Corbeaux est un ouvrage qui demeure marquant car très prometteur, au même titre que son jeune auteur. Ghi a un talent évident, j’ai hâte de découvrir sa prochaine création qui sera, c’est certain, une réussite.

Petitgolem13