Les vents ovales – tome 1 – Yveline

Scénario : Jean-Louis Tripp ; Aude Mermilliod
Dessin : Horne
Couleurs : Delf
Éditeur : DupuisAire Libre
136 pages
Date de sortie :  mai 2024
Genre : chronique sociale

 


« Ici, je suis pas curé, mais entraîneur. Tu dis : Monsieur l’entraîneur ! Si j’étais curé, je t’aurais infligé des Ave ou des Pater. Mais là, c’est deux tours de terrain ! »

 

Présentation de l’éditeur

Désarroi à Larroque et Castelnau, deux villages reliés par un pont qui enjambe la Garonne : leurs garçons forment deux véritables équipes de bras cassés, un peu plus mauvais à chaque match. Pas motivés, les pitchouns. Pourtant, dans le Sud-Ouest, la culture du rugby est une religion : à chaque village son club, à chaque dimanche ses affrontements et ses réconciliations. Les entraîneurs sont instituteurs, petits patrons, curés…

Les Vents ovales, c’est une histoire d’émancipation dans l’ambiance de la campagne française de la fin des années 60, ce goût du terroir avec accent, cette société traversée par les récits de la guerre et de la Résistance, cette dichotomie Gaullistes-Communistes, cette hiérarchie sociale illustrée par la DS du patron, la 2cv de l’inscrit, la Renault 16 du pharmacien, tout cela se fissurant, puis explosant sous la pression de cette jeunesse du baby boom qui accédait d’un coup massivement à l’enseignement supérieur.

Mais les années 60 touchent à leur fin, et avec elles, l’emprise de ces figures d’autorité qui s’opposent et ne comprennent plus leurs jeunes : dans un an, ce sera mai 68.

les vents ovales_extrait

Mon avis

Souvenez-vous, il y a quelques années, Jean-Louis Tripp nous avait concocté avec Régis Loisel une magnifique chronique sociale avec la série Magasin Général. Eh bien voilà qu’il renoue avec le genre dans une toute autre ambiance. Il nous emmène à la fin des années 60 dans la province française à la rencontre de deux villages animés par la passion du rugby. Une passion viscérale qui concerne tout le monde, de l’entrepreneur local un peu réac à l’instituteur communiste en passant par le curé, accessoirement entraîneur de l’équipe. Finalement, ceux qui semblent les moins concernés sont les jeunes joueurs, qui perdent tous les matchs, ne semblent pas motivés, comme s’ils refusaient d’adhérer à cette culture ancrée dans la région.

Incarnation du refus de l’autorité, du conflit de génération et du besoin d’émancipation, les jeunes des deux villages, filles et garçons, ont soif de liberté et d’un nouveau monde.

Jean-Louis Tripp et Aude Mermilliod nous décrivent cette bascule de la société, à travers les yeux d’Yveline, une jeune femme de 19 ans qui s’apprête à quitter sa campagne pour suivre des études à Paris. Ils abordent par ce biais des thèmes sociétaux multiples comme l’émancipation, le poids des traditions, la famille, l’autorité, l’amitié, la sexualité, la politique, la religion, bref, tout ce qui fait le sel de la vie, le tout dans une ambiance bon enfant.

Le récit est touchant, sensible, amusant, et les personnages tous très attachants. Aussi, c’est avec une grande aisance qu’on se glisse à leur côté pour vivre avec eux cette bascule. C’est d’autant plus facile que les dialogues sont soignés et qu’ils sonnent juste.

Cette fiction réaliste qui s’ancre dans l’Histoire (chaque chapitre débute par un rappel de quelques évènements clés de l’époque) s’annonce des plus prometteuses, comme une ode à la vie, à la liberté, à la fraternité, aux valeurs du sport. Vite ! La suite !

Loubrun

Un commentaire sur “Les vents ovales – tome 1 – Yveline

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  1. Cette période de l’année 68 me rappelle de bons souvenirs… notre club de rugby de cœur le SJLO (St Jean de Luz Olympique) est champion de France de Fédérale cette année-là et nous avions bien fêté l’évènement dans le bus du retour de Auch et le soir à la place Louis XIV, je ne suis pas sûr de bien tout me rappeler !🍻🤣

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