Scénario : Héloïse Martin et Baptiste Magontier
Dessin : Valentine de Lussy
Éditeur :Dupuis
Date de sortie : 8 mars 2024
112 pages
Genre : Tranche de vie – Drame
« Et puis c’est la nature ! Le loup est de retour parmi nous. Il faut réapprendre à vivre avec, c’est tout… »
Présentation de l’éditeur
À l’occasion de leur anniversaire de mariage, Émilie retrouve ses grands-parents dans leur grande maison de montagne. Toute la famille a prévu de s’y retrouver. Grandes tablées, baignades en rivière, jeux de société, ce week-end s’annonce parfait.
Mais l’un des participants va troubler Émilie. Ses souvenirs d’enfance et des agressions sexuelles qu’elle a subies vont remonter à la surface et la plonger dans une profonde incompréhension. Comment cet homme, pédophile reconnu et déjà condamné par la justice, a-t-il pu être invité à partager ces quelques jours d’intimité familiale ? À côtoyer et partager les jeux des enfants présents ?
Pour Émilie, c’est inacceptable. Ses proches doivent ouvrir les yeux sur la violence de la situation.
Dans un huis-clos oppressant, elle va affronter les membres de sa famille et leur imposer un choix. Qui veulent-ils garder à leurs côtés ? La victime ou le bourreau ?

Mon avis
Le dessin de Valentine de Lussy, haut en couleur et aux contours irréguliers peut se révéler trompeur. Cette légèreté qui transparait dés les premières planches n’est qu’apparente. Le sujet est grave. Les Yeux Fermés traite des relations familiales en nous faisant partager la fête d’anniversaire de mariage des deux grands-parents.
Le passé va resurgir et exploser littéralement le cadre familial. La victime doit supporter la présence de celui qui, jadis, a abusé d’elle sexuellement. Il a été condamné, il a payé aux yeux de la justice… et aux yeux de la famille. C’est sur ce point que ce roman graphique est remarquable. Le sujet des violences sexuelles intrafamiliales et le traitement, à posteriori, de celui-ci est au centre du propos et pose des éléments de réflexion très pertinents. Héloïse Martin témoigne d’une impossibilité de faire comme si rien ne s’était passé. Ce constat est fait et renvoie à cette dernière une violence insupportable. Sa souffrance personnelle est mise en balance avec l’équilibre de la famille, au sens le plus large. Au-delà du déni du traumatisme subi, la rancœur et les reproches sont exprimés plus ou moins directement par ses proches. Héloïse doit donc faire face à la nécessité d' »oublier », de « tourner la page » tout en gérant son trauma personnel pourtant reconnu mais qui pèse peu aux yeux de son entourage. L’enjeu est omniprésent et écrasant : avoir la responsabilité de maintenir l’unité d’une famille qui ne la protège pas.
Alors oui, le parallèle avec le retour du loup dans la région est un peu simpliste, mais il ne trahit pas l’esprit de ce roman graphique qui, en plus de parler d’un sujet glaçant, traite de la famille, de la résilience et du regard des « autres ».
![]() | ![]() | ![]() |
Petitgolem13




Moi qui cherche la détente ou l’évasion dans une lecture BD, je vais passer mon tour.
J’aimeAimé par 2 personnes
Bon sang ! Ca donne des frissons d’horreurs ta chronique. Le décalage entre le sujet le trait du dessin (+couleurs) est abyssal ! Ca me rappel un film exeptionnel et terrible des années 90 : Festen. A voir absolument mais faut avoir le moral
Brrrrr….!!!
Merci à la BD de ne rien édulcorer les réalités sociétales
J’aimeAimé par 2 personnes
La situation est inacceptable, le violeur doit dégager immédiatement et surtout ne pas fermer les yeux !… c’est du grand n’importe quoi !😡
J’aimeAimé par 2 personnes
J’ai fini par avoir l’occasion de la lire… et je suis un peu déçu par le graphisme d’abord car j’ai eu du mal à reconnaître les (trop) nombreux personnages et les attitudes contradictoires de certains d’entre eux vis à vis des agressions passées.
L’ensemble ne m’a pas paru très crédible et le coupable apparaît furtivement sur la fin… Bref, ça aurait mérité un traitement plus professionnel scénaristique et graphique.
J’aimeJ’aime