Spirou et Fantasio classique – La Baie des Cochons

Scénario : Clément Lemoine
Dessin : Elric
Éditeur : Dupuis
64 pages
Date de sortie : 24 mai 2024
Genre : Aventure

« J’avoue ! Ils veulent faire tomber la barbe del commandante avant le discours ! »

Présentation de l’éditeur

Fidel Castro est complètement furioso ! Car tout autour de lui, ça papote et ça complote, afin de l’éliminer du jeu politique. Même ses propres hommes, infiltrés par la CIA, lui offrent des cigares piégés ! En voyage à New York pour un discours historique à l’ONU, le leader cubain est sur ses gardes, totalement paranoïaque. Tout l’inverse de Spirou, venu en tant que simple reporter pour couvrir l’événement. Mais notre groom ignore encore qu’il va se retrouver accusé d’attentat contre Castro puis emmené de force à Cuba ! Ses seuls espoirs : Fantasio, qui s’envole aussitôt vers l’Amérique du Sud, ainsi que Seccotine, déjà à Cuba pour un reportage. À moins que cette dernière ne se laisse séduire par les idéaux communistes du charismatique Che Guevara…

Mon avis

Décidément, il va falloir que j’arrête de chroniquer les Spirou et Fantasio, parce que ces derniers temps, ça ne se passe pas comme prévu… Il faut dire que cette fois-ci, les auteurs s’attaquent, et c’est le cas de le dire, à un sacré morceau… Il se trouve que le morceau en question, la Révolution Cubaine, je m’y suis également intéressé il y a quelques années et que, depuis, j’ai un peu de mal à être objectif quand j’en parle, surtout quand on dénigre de manière aussi caricaturale ceux qui l’on faite.

Évidemment, mon propos n’est pas ici de vous chanter les louanges du régime cubain qui a, malheureusement, et depuis trop longtemps, délaissé les idéaux qui l’ont vu naître pour un pragmatisme enveloppé dans une poigne de fer. C’est juste que je trouve cela un peu trop facile de caricaturer des gens qui sont partis à 80 pour libérer un pays du dictateur local qui le gérait en tant que bordel des États-Unis, via la Mafia, et qui, contre toute attente, y sont parvenus. Surtout que l’action se passe en 1962 et qu’à l’époque, on ne s’en souvient plus vraiment aujourd’hui, ce qui s’est passé à Cuba a suscité un immense espoir dans tous les pays de ce que l’on appelait alors le Tiers-Monde, qui y on vu une possibilité d’échapper à l’influence des impérialistes nord-américains ou des ex-puissances coloniales européennes.

Alors c’est vrai que montrer Castro en dictateur colérique, le Che en dragueur invétéré un peu beta et Raul Castro (le frère de…) en guignol qui « joue » à la guerre avec les petits soldats de son neveu, je vous avoue que çe ne me fait pas particulièrement rire… D’autant que cela va plutôt dans le sens de la contre-propagande orchestrée depuis plus de soixante ans maintenant par les États-Unis…

Cette (très… trop) longue mise au point faite, parlons tout de même du contenu de cette BD qui, sans cette orientation un peu trop politiquement correcte à mon goût, me semble de très bonne facture. D’abord, le dessin d’Elric. C’est tellement bien exécuté qu’on se croirait dans un album de Franquin, et de ma part, c’est un sacré compliment. Ensuite, le scénario, même s’il regorge de points qui m’exaspèrent, reste tout de même très vivant, notamment en raison de l’absence de temps morts.

Et puis, ère du temps oblige, la Franco-Belge d’antan poursuit sa mutation en donnant (et c’est plus que légitime) plus de place aux personnages féminins. Ici, c’est une fois de plus Secottine qui opère ce rééquilibrage aux dépends d’un Spirou absent une bonne moitié de l’ouvrage… un peu comme dans le tome 56 de la série mère d’ailleurs…

Reste à savoir si tout cela vous plaira… En tout cas, moi, cet angle d’attaque ne m’a clairement pas convaincu.

PS : pour le résumé éditeur, Cuba est en Amérique du Nord… Amérique Centrale si vraiment vous y tenez… Mais certainement pas en Amérique du Sud…

Odradek.