Destination le Tchad

Scénario : Florent Kassaï
Dessin : Florent Kassaï
Éditeur : L’Harmattan BD
Date de sortie : 12 juin 2023
78 pages
Genre : Témoignage historique

« Je n’ai nul autre endroit où aller que de repartir chez moi, même si cela doit me coûter la vie. »

Présentation de l’éditeur

Le 5 décembre 2013 à l’aube, le PK5, plus grand quartier musulman de Bangui, est pris d’assaut par des combattants antibalaka, un mouvement d’autodéfense composé de chrétiens. Ceux-ci massa­crent près d’une centaine de civils musulmans. Depuis, la ville vit au rythme des affrontements entre la coalition séléka à dominance musulmane, au pouvoir à Bangui, et les antibalaka. Assiégés par les combattants antibalaka et manquant presque de tout (eau courante, électricité, nourriture), les habitants du PK5 sont obligés d’évacuer. Zénabou, une jeune musulmane de 18 ans, sa mère Fatima, sa sœur aînée Fayza ainsi que son fils Idriss partent en direction du Tchad. Mais leur voyage se transformera en une véritable épreuve. Après Moi, antibalaka (L’Harmattan BD, 2022), Florent Kassaï resitue l’histoire du conflit centrafricain et brosse le portrait d’une Centrafrique du début du XXIe siècle au bord du chaos.

Mon avis

Les aquarelles utilisées par Florent Kassaï mettent en relief les paysages urbains et naturels de la République centrafricaine. Les couleurs vives tranchent avec la noirceur des propos de Destination le Tchad. La montée progressive de la violence dans Bangui est vue à travers les yeux du personnage de Zenabou. Celle-ci se pose à la fois en témoin et en victime d’une fureur omniprésente.

Florent Kassaï donne ainsi un visage à une situation insupportable et une tension permanente qui résultent d’une guerre civile meurtrière. On ne peut être évidemment insensible au propos de l’album qui décrit l’horreur d’une guerre finalement peu médiatisée et de la Guerre, qu’elle ait lieu en Afrique ou autre part dans le monde, dans ce qu’elle a de plus tristement universel. L’intention est donc des plus louables, la nécessité d’un tel témoignage n’étant pas contestable.

Il faut cependant souligner que le style plutôt naïf du dessinateur allège le poids du scénario. Les personnages, dans certaines de leurs postures et leurs expressions peinent à renvoyer une tension pourtant parfaitement décrite. Force est de constater que ce phénomène crée un décalage entre ce que ressentent les personnages et comment ils/elles les expriment. Cela a eu en tout cas un impact certain tout au long de ma lecture, comme si l’intensité du récit, alors même qu’elle est décrite comme croissante, m’était apparue comme déclinante. La fin m’a également semblé déconcertante.

Impossible, malgré ce bémol sur le style graphique, de ne pas insister sur l’importance du message et du témoignage porté par son auteur.

Petitgolem13