Scénario : Stefano Boroni
Dessin : Stefan Boroni
Éditeur : L’Harmattan BD
Date de sortie : 15 février 2023
144 pages
Genre : fable dramatique
« Même pris au piège. Dans le ventre d’un bateau. L’espoir subsiste. De voir le jour se lever. »
Présentation de l’éditeur
En 2002, les Sénégalais ont le vent en poupe : ils ont battu la France lors du premier match de la Coupe du monde et se hissent en quarts de finale.
C’est l’euphorie.
Au départ de Ziguinchor, le Joola prend la mer, dangereusement surchargé, penchant légèrement vers bâbord, sans titre de navigation valide depuis 3 ans ; personne n’y voit d’objection.
Au large des côtes gambiennes, le vent s’est levé…

Mon avis
La préface d’Adrien absolu, auteur du roman Les Disparus du Joola donne le ton et explique la démarche scénaristique et artistique de Stefano Boroni. La mise à distance de l’accident tel qu’il s’est déroulé et l’utilisation de la fable comme moyen d’y parvenir y est parfaitement explicitée. Une double page retrace avec pragmatisme la chronologie du drame qui fait froid dans le dos.
Stefano évoque de la douceur et de l’espoir. C’est effectivement ce qui émane de cette lecture. Comme dans une mise en scène théâtrale, les personnages sont présentés et prennent vie les uns après les autres au fond de l’océan. Le ciel est la surface de la mer où l’on voit le navire retourné. Ces mêmes personnages scrutent ce ciel avec l’espoir d’être sauvé tout en échangeant sur les origines du drame. Le propos s’élargit à ce qui constitue la société sénégalaise de l’époque. Grand-Ma, Antigone, Big Foot, Rebel, Voyante, Capitaine, Professeur et Soldat sont les acteurs de cette allégorie sous-marine qui apparait comme un monde inversé pourtant très proche de la réalité.
Les espoirs et les révoltes se succèdent aux travers et aux qualités de chacun des protagonistes, dépeignant au fil de la lecture les traits d’une société sénégalaise aux contours qui apparaissent petit à petit sous les yeux du lecteur qui est invité à partager la conditions des naufragés, voire à s’y identifier.
Le bilan officiel a établi le nombre de 1863 victimes. Il serait question, selon les associations de victimes, de plus de 2000 noyés. Cette multitude, ce nombre qui donne le tournis reprend une dimension humaine dans Que la Mer vous soit Légère à travers ces huit personnages. Certaines planches d’autres dessinateurs tels que Rosinski, Jean-Louis Tripp et d’autres s’insèrent et soulignent la poésie de l’album de Stefano Boroni, découpant celui-ci en chapitres.
La lecture s’achève sur une note d’espoir car la vie continue, c’est d’ailleurs un survivant, Patrice Auvray, qui témoigne. Enfin, un hommage à chacune des victimes identifiées est rendu. Les noms et prénoms de celles-ci sont listés, avec, quand ils sont connus, leur âge et leur profession. Comme un rappel que derrière les chiffres il y a des gens. Poétique et émouvant.
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Petitgolem13




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