Quand la Nuit tombe

Autrice : Rie Aruga
Éditeur : Akata
Date de sortie : 24 août 2023
Genre : Seinen, société, tranche de vie

« Peut-être que je me suis trompée. « Supporter » ou « tenir bon » sont des expressions réservées à la victime. C’est déplacé, de les utiliser en tant que proche de l’agresseur et pourtant… »

Présentation de l’éditeur :

Japon, zone industrielle de la région du Tôkai. Takaomi et Ao sont amis depuis le collège. Tout leur entourage imagine qu’ils vont finir par se mettre en couple. Mais la vie en décide autrement : quand le père d’Ao, patron d’une usine locale, viole la mère de Tokiwa, tout leur monde s’effondre. Comment rester amis quand les actes des adultes ont des conséquences si lourdes ?

Entre passé et présent, découvrez la vie de deux personnes, victimes collatérales d’un acte particulièrement odieux. Avec la sensibilité qui la caractérise, Rie Aruga livre une œuvre importante.

Quand la nuit tombe_Rie Aruga_Akata Manga_seinen_extrait

Mon avis :

Tout commence avec la nostalgie d’un premier amour. Takaomi, jeune salaryman, repense à l’adolescente dont il était secrètement amoureux au lycée. Avec lui, Rie Aruga nous fait replonger dans cette époque bénie… mais jusqu’à quand ?! L’autrice est connue pour ses œuvres portant sur des faits de société souvent lourds de conséquences. Souvenez-vous de « Perfect World » qui abordait, sans fard, la vie d’un jeune homme en fauteuil roulant, comment concevoir une vie de couple avec les aspects les plus difficiles de sa condition physique ?

Dans « Quand la nuit tombe », tout semble sourire aux deux jeunes gens. Ils s’aiment, tout le monde s’en est bien rendu compte, mais tout bascule quand le père d’Ao se fait arrêter. Il a violé la mère de Takaomi ! Un crime qui fait rapidement le tour des journaux, puis, inévitablement : du lycée. Les regards se font insistants, tantôt gênés, tantôt provocateurs. Les deux amoureux sont la cible des ragots et des commentaires. Pire, Takaomi porte le malheur de sa mère tandis qu’Ao se retrouve jugée comme son père par la vindicte populaire. Comme si elle était responsable du viol… Alors sa famille s’enfuit pour tenter de se reconstruire ailleurs.

8 ans plus tard, les deux jeunes gens se retrouvent par hasard. Comment ont-ils traversé ces années après le procès ? Rie Aruga pointe un fait de société bien établi. Un crime reste un fardeau pour les familles tant du criminel que de la victime. Refaire sa vie est sans doute ce qu’il y a de plus difficile, surtout quand les étrangers se mêlent de chacuns de vos faits et gestes. Alors : peut-on se remettre d’un viol ? Peut-on gérer son existence malgré la douleur d’un proche ? Et qu’en est-il de la famille du violeur ?

Avec brio, l’autrice aborde ce sujet en mêlant les liens si forts qui unissaient les deux adolescents, victimes collatérales de ce viol, et une réalité bien difficile. Avec un trait classique, un tantinet réaliste dans un décor minutieux : on s’interroge inévitablement et on repense à nos propres réactions faces à la criminalité qui nous entoure et nous harcèle chaque jour dans les médias. Quelle société, quand même !

ShayHlyn.

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑