Une nuit avec toi.

Auteure : Maran Hrachyan.

Éditeur : Glénat.

Date de sortie : 20 septembre 2023.

168 pages

Genre : thriller, société.

«Euh, j’aimerais un endroit isolé, à la campagne, dans les bois.»

Le résume éditeur.
Un polar féministe d’une troublante ambiguïté.

Brune est une jeune parisienne qui croise souvent le regard des hommes se retournant sur son passage. Un soir, en rentrant de soirée, un copain lui propose de la déposer en voiture. Elle accepte. Que faire quand il devient insistant ? Brune n’a pas le temps de réfléchir quand elle se retrouve acculée. Prise au piège, elle ne sait pas comment s’en sortir… Ce sera le début d’une longue nuit d’angoisse. Avec un cadavre sur les bras, affolée, la jeune femme se retrouvera dans une course nocturne pour dissimuler le corps ce qui la précipitera dans un engrenage macabre. Des retournements de situations aussi inattendus qu’invraisemblables rythment ce récit puissant et engagé qui nous interpelle et ouvre le débat.

Ce polar sombre qui se meut en thriller oppressant et nous rappelle After Hours soulève avec force et justesse un sujet d’actualité : le droit des femmes à disposer librement de leur corps mais aussi la mise en doute de la parole des victimes. Dans un style épuré et terriblement efficace Maran Hrachyan (Patrick Dewaere – 2021) déploie son talent à travers ce récit étonnant qui nous laisse entrevoir les mécanismes insidieux de la culpabilité et de la violence réprimée. À lire absolument.

Mon avis.
Voilà bien une chronique que j’aurais bien aimé ne pas écrire car à haut risque de représailles. Je vous explique. Déjà la BD m’est arrivée toute cabossée. J’ai eu donc des scrupules à la donner au chroniqueur auquel elle était destinée (ce n’était pas pour Guy Marchand) car il n’apprécie pas des BD en mauvais état. J’ai donc décidé de m’y mettre surtout que le pitch me semblait de qualité. Un polar féministe, la parole aux victimes sont des thèmes d’actualité et interpellants. La lecture commence bien grâce au dessin élégant de l’autrice arménienne qui ressemble assez bien à Brune, le personnage principal de cet album. L’ambiance est vite mise en place avec une héroïne clairement harcelée par de nombreux prédateurs mâles. Là je me dis quelle pauvre image ou expériences des hommes avons-nous là. Mais bon, c’est certainement une triste réalité pour de nombreuses femmes et la BD arrive à bien transmettre ce sentiment d’angoisse permanente d’être elle même dans la vie de tous les jours.
Attention n’allez pas plus loin dans cette lecture si vous voulez garder votre plaisir de lecture car je vais maintenant spoiler largement le contenu de cette BD.
Arrive donc le drame et là très vite, je me dis que la suite risque bien d’être bien scabreuse vu les actes des protagonistes. On ne s’improvise pas fossoyeur professionnel du jour au lendemain. Mais ça passe, on peut encore y croire. Non, ce qui n’ est pas passé, c’est que notre mort, il s’est réveillé juste pour occire une autre personne et remourir quelques instants après. Mouais mouais mouais, j’ai pouffé de rire tellement j’ai ressenti cet épilogue hautement improbable. Et franchement ça gâche tout, l’ambiance noire, le propos sur les victimes. Même un juge bien intentionné trouverait ça invraisemblable.

L’air de rien le mot ambiguïté de l’éditeur est finalement assez juste.

Samba.