Les veilleurs

Scénario : Yann Dégruel
Dessin : Yann Dégruel
Éditeur : Delcourt/Mirages
Date de sortie : 29 mars 2023
176 pages
Genre : Récit autobiographique

« On peut penser que les personnes handicapées vous font perdre notre temps, qu’elles ne servent à rien, mais on peut aussi penser que ces personnes nous font voir le monde selon un autre prisme que le nôtre, une autre vision de la vie, un autre regard. »

Présentation de l’éditeur

Un jour, Yann doit prendre un second emploi : veilleur de nuit dans une maison pour personnes atteintes de Troubles du Spectre Autistique. Une rencontre bouleversante racontée dans un roman graphique humaniste et touchant.

En situation difficile, Yann Degruel, auteur de BD, devient veilleur de nuit dans une maison de type TSA. Les résidents vont l’amener à changer le regard qu’il porte sur les handicapés et sur lui-même… Un album « pour leur faire une vraie place dans cette société qui a tendance à les exclure, pour que nous devenions tous des Veilleurs, comme je l’ai été pour eux et comme ils l’ont été pour moi. »

Mon avis

Une fois n’est pas coutume, je vais me délester, en ce début de chronique, de ce qui m’a un peu refroidi lorsque j’ai feuilleté ce roman graphique : une mise en couleur peu à mon goût qui embrume un trait doux et qui va à l’essentiel.

Mais comme je privilégierai toujours le scénario sur le dessin, je ne saurai m’attarder que sur l’authenticité du récit de Yann Dégruel.

L’auteur vous prend doucement par le menton, vous tourne la tête et vous invite à ouvrir les yeux sur les personnes en situation de handicap, les personnes « extraordinaires » pour reprendre le terme utilisé dans son ouvrage. Les Veilleurs dépasse le cadre du « simple » témoignage.

Le lecteur le suit dans les couloirs de la Passerelle, nom d’une symbolique des plus explicites de la résidence qui accueille des enfants, des adolescent.es et des adultes atteints de troubles du spectre autistique. Deux mondes se retrouvent reliés dans cet endroit où la normalité devient plurielle, où c’est l’environnement qui s’adapte à l’humain. Yann Dégruel dit s’être retrouvé transformé par cette expérience, il sensibilise avec pudeur et sincérité sur notre rapport à ceux qui peuvent parfois nous mettre mal à l’aise, souvent par préjugés ou par ignorance. Certains termes résonnent encore dans mon esprit, comme ce père qui parle de son enfant atteint de TSA : « C’est mon astre et mon désastre ».

L’émotion est palpable et communicative, sans sensiblerie. Yann partage ses doutes professionnels et personnels avec un sens de l’auto-critique assumé qui rend d’autant plus crédibles ses réflexions et ses propos.

Les Veilleurs est une bande-dessinée pleine de tolérance, d’empathie, de bienveillance, d’humanisme et d’altruisme, le tout sans se montrer idéaliste ni moraliste.

Petitgolem13