Le Nouveau Président

Scénario : Yann Rambaud
Dessin : Yann Rambaud
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 05 juin 2019
96 pages
Genre : Humour

Dès les premières pages l’humour absurde, potache et totalement décalé de Rambaud fit son effet.

Présentation de l’éditeur

Pour le deuxième anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron, retrouvez un personnage principal en tout point semblable ou presque, dans cet ouvrage de référence, qui servira de guide pour toute personne souhaitant briguer le poste de président.

Suite à la mystérieuse disparition du président de la République française, des élections sont organisées. Ce livre, au récit palpitant, guidera au mieux le lecteur dans des problématiques complexes que seul un président peut connaître, telles que :

– Doit-on prendre un duvet et des draps quand on vient vivre à l’Élysée ?

– Un ministère de la rhubarbe, pour quoi faire ?

– Comment résister à la pression incessante du lobby du parmesan ?

Mon avis

Au début, j’ai cru à une blague… Euh… je veux dire une mauvaise blague… Et puis non, je vous rassure, c’est une bonne blague, une très bonne blague même. Je crois que j’irais même jusqu’à une excellente blague. En effet, alors que la providence et l’alignement de dizaines d’étoiles avaient permis à une partie de la Samba Team de se retrouver pour un week-end normand sous le soleil de Franceville-Merville, le big boss, plus connu sous le pseudonyme énigmatique de Samba (énigmatique car il ne la danse pas si bien que ça…), fit une distribution collective des services de presse (les fameux SP) au moment de l’apéro. Chacun put alors feuilleter les SP des autres au cours d’un petit tour de table où les BD passèrent de mains en mains.

 

Je ne sais pas si les quelques bières belges ingurgitées par mes collègues pour cette occasion bien de chez nous (l’apéritif) y furent pour quelque chose, mais, en tout cas, lorsque Le nouveau président finit son petit tour de table, les vannes et autres moqueries fusèrent à mon endroit sous prétexte que c’était moi qui allait devoir chroniquer ce livre au graphisme bien particulier. Je n’étais, je dois bien l’avouer, pas le dernier à me moquer du dessin de Yann Rambaud pour la bonne et principale raison que les personnages n’avaient pas d’yeux. On s’est même demandé collectivement s’ils n’avaient pas été oubliés par une sorte d’erreur d’impression (genre, les yeux étaient peut-être supposés être imprimés lors d’une seconde passe, ou avec les couleurs, ou je ne sais quoi, je ne suis pas imprimeur moi, enfin… mince alors…).

Quoi qu’il en soit, la blague changea de camp une fois que j’ouvris la BD pour la lire. Dès les premières pages l’humour absurde, potache et totalement décalé de Rambaud fit son effet. Je me rendis alors compte que ma première impression était à l’opposé de la réalité et que, chose que je croyais jusque-là impossible car cela ne m’était, à ma connaissance, JAMAIS arrivé, je m’étais trompé !

Le nouveau président de Yann Rambaud est un régal absolu. L’auteur y porte un regard aussi moqueur que désabusé et aussi cynique qu’absurde sur la politique française et tout ce qui l’entoure. Sans bien sûr nommer ses cibles (ni même dessiner leurs yeux), on ne s’y trompe pas et l’on reconnait facilement certains de nos plus éminents dirigeants.

L’humour développé dans cette BD ne parlera pas à tout le monde, c’est à peu près certain, mais ceux qui y seront sensibles se régaleront. Un brin de surréalisme (l’absence des yeux peut en être un signe), un poil de Monty Pythons, une cuillère de Les Nuls, un zest d’humour noir et une tonne de vannes à deux balles donnent à cette tambouille le goût du rire en continu.

Le dessin, quant à lui, s’il peut paraître déroutant au premier abord (c’est un euphémisme) en raison de l’absence des yeux des personnages, joue finalement parfaitement son rôle en appuyant le côté humoristique de manière discrète et efficace.

En bref, Le nouveau président est une excellente surprise et je vous le recommande les yeux fermés… (vous voyez, moi aussi je peux être drôle…).

Les gens qui me connaissent en vrai (de dedans la vie) savent à quel point je n’aime pas avoir tort. Pourtant, avec cette BD, ce fut le cas : j’ai été ravi de me tromper. Si cette leçon ne vaut pas forcément un fromage (du parmesan ?), elle confirme, si besoin en était, qu’il ne faut pas juger sur les apparences.

Odradek