Frank CHO

Scénario / Dessin / Couleurs : Noé, Ignacio
Dépôt légal : 04/2014
Éditeur : Glénat
Collection : Grafica
Planches : 48
Ally sait maintenant que toute sa vie n’était qu’un mensonge. Etre le cobaye d’une expérience de son propre « père » est un choc pour cette jeune oie blanche de la haute société Londonienne. Bien décidée à retrouver sa sœur jumelle, pourchassée par la police, Ally embarque en compagnie de Juan pour la Patagonie. Mais dans ce monde extrême sans foi ni loi, la violence et la cupidité dessineront un tout autre destin à nos héros.
Ignacio Noé n’est pas un nouveau venu dans le monde la bande dessinée. Plutôt connu pour ces écrits sulfureux, cet argentin talentueux s’est reconverti depuis 2006, au dessin dans la bande dessinée classique sur des thèmes allant du football (« Football, dans l’ombre des étoiles ») au massacre des mayas (« Helldorado »). Dans « Douce tiède et parfumée » Ignacio Noé prend son envol, il est seul aux commandes : couleurs, dessins et scénario.
Ce qui frappe en premier lieu, ce sont les dessins. Ils sont magnifiques. L’auteur déroule l’histoire dans un univers réaliste de la fin du 19eme siècle avec une touche baroque. Cela donne une fresque steampunk propice aux rêves. Il agrémente ses propos avec ce qu’il sait faire de mieux : la sensualité. Les éléments féminins sont divins. Les décors sont chauds. Les visages expressifs. Son dessin rend les émotions palpables. Les couleurs délavés tantôts sombres, tantôts flamboyantes s’accorde avec la chaleur du dessin. Finalement, le dessin est en accord avec le titre de la série ! Puisqu’il faut une fausse note, on déplorera le nez rouge et appuyé de chaque personnage. Cela donne une sensation de rhume des foins généralisé.
L’histoire, sans être originale, emprunte beaucoup à Lewis Carroll. L’héroïne a beaucoup d’Alice dans sa quête identitaire. Ses rêves sont très énigmatiques et sa recherche de réponses auprès de son unique vrai parent tournera au voyage initiatique. Le passage à l’âge adulte des deux adolescents ne se fera pas sans heurts avec une brusque accélération de leur destinée et un choc frontal avec toute la brutalité humaine. Le scénario est fouillé tout en étant très lisible. Il fait référence à des faits historiques comme par exemple l’épopée du célèbre « Great Eastern » ou, dans un tout autre registre, le massacre des indiens patagoniens en toute impunité par les colons stupides et cupides. Et cela c’est aussi un des thèmes de notre Argentin : la violence magnifiée dans ses précédentes productions.
Ignacio Noé nous transporte dans son imaginaire fertile. Les magnifiques dessins sont un régal pour les yeux. Ne vous laissez pas influencer par la couverture pas très inspirée, c’est à l’intérieur que se trouve le meilleur. Laissez-vous transporter de Londres au sud de l’Amérique du sud pour des péripéties pas toujours « douces », brulantes de sensualité, mais surtout pas « tièdes » et « parfumées » d’aventures hautes en couleurs.
Dessins/couleurs : 8,5/10
Scénario : 8.5/10
Total : 8,5/10
Tigrevolant
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