Dessin : Christian Durieux
Editeur : Futuropolis
120 pages
date de sortie : mai 2014
genre : chronique sociale et historique
En 1886, Albert Dadas vit à Bordeaux et est atteint d’un mal étrange qui le pousse à partir loin de chez lui sans raison apparente. C’est la « folie du fugueur ». La simple évocation d’un lieu, une image, une situation peut lui faire quitter les lieux sans même qu’il s’en rende véritablement compte. La seule chose qu’il puisse expliquer, c’est que « Tout d’un coup, j’ai très chaud, j’ai des suées, j’ai mal à la tête. Il faut que je marche absolument et après je ne me souviens de rien »… Les « réveils » sont très durs et le sympathique Albert est tellement en souffrance, qu’il finit par consulter un psychiatre. Le jeune médecin Philippe Tissier, en fera le sujet de sa thèse et fera tout pour le soigner, allant même à l’encontre des théories et pratiques de l’époque.
Comme nous le rappelle le dossier à la fin du livre, cette histoire que nous racontent Christophe Dabitch (Abdallahi, la colonne, Jeronimus) et Christian Durieux (les gens honnêtes) est une histoire vraie. Albert Dadas a parcouru des milliers de kilomètres à pied à travers la France, l’Europe et même l’Afrique du nord. Lorsque ses crises prenaient fin, soit il rentrait chez lui, soit il continuait sciemment son voyage en se débrouillant pour vivre. Souvent pris comme un vagabond, ses voyages se terminaient fréquemment en prison ou en hôpital.
Cette histoire est fascinante et touchante ; on est véritablement pris d’empathie pour Albert qui est prisonnier de ce mal curieux, et l’on se réjouit qu’un jeune médecin le prenne sous son aile et cherche à vraiment comprendre les mécanismes de la maladie, plutôt que de céder à la facilité des thèses médicales à la mode, à une époque ou la folie et l’aliénation devenaient des domaines de recherche et d’expérimentation.
Le choix narratif de Christophe Dabitch est judicieux. Il évite le piège de la description encyclopédique d’une maladie psychiatrique, en montrant sobrement le suivi médical entrecoupé des escapades d’Albert et des témoignages de personnes ayant croisé sa route. Du consul de France à Alger au professeur en médecine en passant par le colonel de régiment, chacun apporte son point de vue et sa propre théorie sur le sujet. Tissier veut percer les mystères de ce mal et se doit de recueillir le plus d’information possible. Il parviendra d’ailleurs à soigner ou tout au moins atténuer un temps les envies de fugues de Dadas.
Christian Durieux illustre d’un trait fin et délicat cette histoire sensible, invitant à encore plus d’empathie envers cet homme qui semble perdu.
Le captivé raconte l’histoire de personnages hors normes où se cache derrière un récit clinique de médecin, une invitation au voyage et à la liberté.
Ma note : 8,5/10
Loubrun
Grâce aux éditions Futuropolis et à Samba BD
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