Ergün l’errant tome 1: le dieu vivant

Ergün l'errant1.jpgErgün l'errant2.jpgAuteur : Didier Comès
Editeur : Casterman
Sortie : 1980
Résumé :
Ergün est un humain qui a fui sa planète d’origine car il n’y trouvait plus sa place… Errant de planète en planète, il finit par échouer sur « Shé », un monde à la végétation luxuriante où les « femmes fleurs », dirigée par leur chef « Pierre de lune », sont pourchassées sans relâche par les « Wakras », une peuplade plus hostile. Ergün a la fibre héroïque et défend aussitôt les femmes fleurs au mépris de sa propre vie. Mais bientôt il fait une étrange découverte, terrifiante : les Wakras ont besoin du sang de ces dernières et ce, pour une raison bien précise… Une raison diabolique qui le mènera à nouveau seul, face à lui-même. Face à ses propres démons, si humains…
Mon avis :
Publié en 1980, « Ergün l’errant » est à l’origine une série de science-fiction inachevée, reprise un temps par Peeters, puis délaissée. Didier Comès a scénarisé et dessiné les deux premiers tomes. Le deuxième est à mon goût le moins réussi des deux (l’éditeur ayant perdu des planches, sa parution a été plus longue et entretemps Comès était passé à autre chose), c’est donc pour cela que je ne chroniquerai que le premier tome.
Ce qui frappe d’emblée dans ce premier album, c’est sa poésie pure et sa naïveté. Bien sûr, Comès n’a pas encore fait « Silence » ou « La belette » (ses grandes œuvres), mais tout de même l’essentiel de ses thèmes est déjà présent : la solitude, la marginalité, la chrétienté critiquée, la mort, l’amour impossible… L’œuvre est romantique à souhait (mais d’un romantisme noir), baroque (n’oubliant n’oublions pas que Comès est né à Sourbrodt, dans le canton germanique belge) et très souvent empreinte de cruauté…

Je me souviens être tombé sur l’un de ses albums il y a de çà des années, au détour d’une bouquinerie poussiéreuse… Le vieux libraire ne lisait plus de bandes dessinées, sauf celles de ce grand monsieur… et l’espace d’un instant, je me suis dit : « qu’a-t-il de si spécial, ce monsieur ? »… Les lectures successives ont suffi à m’en convaincre : Comès est un poète authentique. Un vrai.

Evidemment, pour Ergün, il est en mode rodage, le poète : l’histoire avance bien trop vite et laisse un petit goût d’inabouti, format 48 pages oblige. Mais ce serait oublier encore plus vite le reste que de parler ainsi : son sens du découpage, son talent narratif, ce jeu subtil avec l’ombre et la lumière, qu’il magnifiera par la suite (notamment lors du passage au noir et blanc)… et la justesse de ses dialogues, qui donnent vie à des personnages avant tout humains et donc bourrés de faiblesses, de contradictions… La naissance d’un artiste en devenir, un très grand nom de la bd !

Une note (oui, parce qu’il faut bien, même pour une première création) : 7,5/10

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