Manara : Grandeur Nature – Autoportrait

Auteur : Milo Manara
Editeur : Glénat
Genre : Biographie
Sortie : le 7 décembre 2022

Avis de l’éditeur :

Auteur admiré dans le monde entier, notamment grâce à sa représentation du corps féminin qui fait désormais partie de l’imaginaire collectif, Milo Manara dévoile son art, sa vie, son enfance et sa jeunesse dans une autobiographie foisonnante.

Mon avis :

Lorsqu’on mentionne le nom de Milo Manara, de suite on s’aventure à penser à l’un des auteurs les plus prolifiques en matière de BD érotiques durant les décennies des années 80 et 90, au même titre qu’un Serpieri, Pichard ou Crepax. Mais peu de lecteurs imaginent ou connaissent sa vie, son évolution, les raisons qui l’ont mené à dédier son existence et sa passion pour le 9ème art, comme relaté scrupuleusement tout du long de cette autobiographie de pas loin de 224 pages.

Né en 1945 dans la région de Luson au cœur des montagnes du Val Pusteria, le jeune Milo s’intéresse durant ses premières années à la lecture de romans de grands auteurs, la BD n’étant pas admise au sein de la famille ; étant considéré comme nuisible notamment par sa mère institutrice qui voit en là une matière indigeste.

Son intérêt et ses goûts pour la BD et l’érotisme ne se sont néanmoins pas longuement faits attendre, en découvrant des ouvrages tendancieux (Annunzio ; Guido de Verona …), dévoilant de la nudité bouleversante, issues d’images d’archives de guerre.

Milo Manara

A l’issue de ses cours au lycée de Vérone, il se rend à l’université et pour subvenir financièrement à ses besoins élémentaires, il s’attelle en tant qu’architecte apprenti. Sa rencontre avec Salvatore Dali, son intérêt subtil pour les œuvres d’Hugo Pratt, et surtout les histoires de Barbarella de Jean-Claude Forest lui ont tracé l’itinéraire qu’il s’est juré d’emprunter.

Résultat : il se dirige vers Milan, ville qui à l’époque regorgeait de multiples maisons d’éditions. Un tournant indiscutable avec deux piliers d’envergure : Walter Molino de l’Intrepido & Mario Gomboli de Diabolik. C’était l’époque des BD petits formats – format poche en deux strips (Diabolik, Fumetti)

Son entrée en scène se révéla en 1968 aux côtés de Mario Gomboli, avant de percevoir sa première histoire en kiosque l’année suivante. Dessinant des femmes, encore et toujours, s’inspirant de Guido Crepax.

Enfin, l’effet tremplin vu le jour au début des années 70, avec son travail à la Rédaction du Corriere dei Ragazzi mais le commun des mortels connaît surtout l’artiste pour ses BD futures dont la saga Giuseppe Bergman, révolutionnant le genre.

S’ensuit alors des albums phares indémodables jonglant entre fétichisme et nature profonde de l’âme tels que Le Parfum de l’invisible ; L’Art de la fessée ; Les Borgia et cerise sur le gâteau le Déclic, fantasme ultime qui muni d’une boîte à distance engendre plaisirs et orgasmes sur une femme se découvrant des plaisirs insoupçonnés. (Série ayant notamment été censurée dans biens des pays pour ses délires outrageux).

Encore à ce jour, l’artiste surprend et pas qu’un peu, avec sa surprenante saga en cours Le Nom de la Rose dont la suite est attendue au tournant.

Son style s’imprègne également du mode opératoire de Jodorowsky car les deux hommes se connaissent bien, ayant travaillé ensemble. Un grand respect mutuel les associe. N’oublions pas d’ajouter que ses valeurs et son sens de la perfection et de la créativité convergent également avec le talentueux Federico Fellini, l’un des maîtres cinématographiques incontestés du genre (La Dolce Vita, Juliette des esprits…).

Avec ce pavé, les amateurs relativement nombreux devraient prendre grand plaisir à élargir leurs connaissances sur l’un des piliers de la BD érotique, non seulement porté par un trait exaltant mais aux trames envoûtantes et cérébralement marquées au fer rouge.

Coq de Combat

2 commentaires sur “Manara : Grandeur Nature – Autoportrait

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  1. Son institutrice de mère avait, à tort, une piètre opinion de la BD qui est un des arts le plus efficace pour développer le goût de la lecture !

    Ça me rappelle le dédain de ceux qui considèrent le 9e art comme des « p’tits Mickey » et ça m’énerve !

    Sinon, j’avais lu mon premier Manara avec le Giuseppe Bergman T1 et j’avais été scotché par la beauté et l’élégance graphique !

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