Métal Hurlant – Embarquement immédiat – Musée de la bande dessinée à Bruxelles

Une expérience à ne pas manquer.

Métal Hurlant – Embarquement immédiat, c’est le titre de la nouvelle exposition qui se tient actuellement au Musée de la bande dessinée à Bruxelles, du 28 novembre 2025 au 17 mai 2026, à l’occasion des 50 ans de cette revue culte.

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Avant de monter à bord du vaisseau Métal Hurlant, commençons par un peu d’histoire.

En janvier 1975 paraît le premier numéro de la revue. Créée par Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet, Moebius et Bernard Farkas, elle a permis à la bande dessinée de vivre une véritable révolution. Véritable laboratoire d’expérimentation, elle offrait aux auteurs une totale liberté et leur permettait d’explorer de nouveaux horizons graphiques et narratifs avec des styles audacieux et novateurs.

La revue a connu une période fondatrice de 1975 à 1987, qui a vu la parution des numéros 1 à 133 et qui correspond à l’âge d’or. Outre Moebius et Druillet, Corben, Caza, Schuiten, Clerc, Montellier, Nicollet ou encore Bilal (pour n’en citer que quelques-uns) ont marqué durablement l’histoire du 9ᵉ art.

Une première tentative de relance a eu lieu en juillet 2002. Elle commence avec le numéro 134 et s’achève au numéro 146 en avril 2010. Cette deuxième période, bien que riche, n’a toutefois pas marqué les esprits avec la même intensité que l’originale.

Depuis septembre 2021, une nouvelle version de Métal Hurlant paraît trimestriellement, avec une numérotation repensée et un format de près de 300 pages. Personnellement, j’apprécie beaucoup cette série, qui m’a permis de découvrir de nombreux auteurs contemporains aux styles très variés.

Alors, cette exposition ? Elle commence en haut d’un escalier, une sorte de passerelle d’embarquement. On entre dans un sas, un espace tampon entre le musée et l’univers Métal Hurlant, avant de déboucher sur une fresque constituée de plus de 140 couvertures du magazine. Ce mur de couleurs et de délires graphiques plonge immédiatement le visiteur dans une autre dimension. Ensuite, des installations et des planches se succèdent : celles des auteurs phares comme Moebius et Druillet, mais aussi Schuiten ou Beb Deum. Sans oublier le talentueux Caza, dont le style foisonnant, riche en couleurs et en inventivité, se révèle à travers quelques superbes planches. À mon sens, il mériterait une reconnaissance comparable à celle de Moebius, Druillet ou Bilal, tant son dessin est remarquable.

Et si l’on peut admirer des planches des superstars d’hier, elles côtoient celles d’une vingtaine d’auteurs contemporains, peut-être les stars de demain. Parmi eux, Afif Khaled, qui a réalisé l’affiche de l’exposition, Elie Huault, Eliot, Brouette Hurlante, Pim Bos, Fred Blanchard, Lolita Couturier ou encore Olivier Ledroit, qui, avec Philippe Druillet, fait partie de mes dessinateurs préférés. J’ai particulièrement apprécié les planches d’Elene Usdin, dont le dessin expressif, aux couleurs puissantes, crée des atmosphères poétiques et fantastiques, très fortes émotionnellement.

Un autre aspect fascinant de l’exposition est de pouvoir observer les convergences et les dialogues entre deux maîtres contemporains : Philippe Druillet et Olivier Ledroit. Tous deux partagent un goût prononcé pour les univers spectaculaires et vertigineux, où le détail, la composition et la profondeur jouent un rôle essentiel. Druillet impressionne par ses paysages futuristes monumentaux, ses créatures mythologiques et ses perspectives audacieuses, tandis que Ledroit explore la même grandeur avec une finesse extrême et un sens aigu de la lumière et des textures, donnant à ses mondes une intensité et un relief saisissants. Si Druillet séduit par l’énergie et l’ampleur de ses compositions, et Ledroit par la précision et la richesse des atmosphères, leurs univers se répondent par cette capacité commune à transporter le lecteur dans des mondes fascinants et immersifs. Cette confrontation révèle non seulement la diversité graphique de Métal Hurlant, mais aussi la filiation et l’influence qui relient les générations d’auteurs.

C’est là la force de cette exposition : elle est vivante. Elle met en valeur à la fois les auteurs historiques des débuts et une nouvelle génération d’auteurs contemporains.

« Ni musée du souvenir, ni simple hommage chronologique, Métal Hurlant – Embarquement immédiat célèbre une aventure graphique toujours en mouvement, qui continue d’influencer la science-fiction, la bande dessinée et notre imaginaire collectif. »

Ce qui relie ces générations d’auteurs, c’est la science-fiction.

Gilles Francescano, commissaire de l’exposition :

« Nous vivons, en tout cas du point de vue occidental, dans des sociétés nourries de science-fiction depuis le XIXᵉ siècle. On s’aperçoit que le genre littéraire a vraiment eu un impact dans la société actuelle : en termes de pensée, de sociologie et de vie en communauté. C’est pour cela que le vivier de Métal Hurlant, pour moi, n’est pas qu’un magazine : c’est une véritable bombe de créativité. Et cette bombe a été suffisamment puissante, bourrée de talents, pour avoir encore des impacts 50 ans plus tard, puisque le magazine continue d’exister. »

La visite se termine sur une œuvre inédite signée Yannick Jacquet et Nicolas Boritch (studio interval.ooo), en collaboration avec l’illustrateur Jean Dalin. Un dernier sas permet de reprendre son souffle avant de quitter le vaisseau Métal Hurlant.

Cette exposition est une véritable immersion dans l’univers de Métal Hurlant, un voyage graphique à travers cinquante ans d’histoire de la bande dessinée et de la science-fiction. Que vous soyez amateur de BD classique, passionné de SF ou curieux de découvrir de jeunes talents contemporains, “Métal Hurlant – Embarquement immédiat” est une expérience à ne pas manquer. Montez à bord, laissez-vous emporter par les couleurs, les formes et les histoires, et partez à la rencontre des créateurs qui ont façonné notre imaginaire collectif… et ceux qui continuent de le faire aujourd’hui.

DenSi