KERASCOËT – VEHLMANN : Satanie

Scénariste Fabien Vehlmann

Dessin Kerascoët

Editeur Soleil

128 pages

Genre Action et aventures

Satanie – une chronique immersive où Charlotte, en quête de son frère disparu, traverse autant les profondeurs géologiques que celles de sa propre psyché.

Résumé de l’éditeur

Aventure, étrangeté fantastique, sensualité, Satanie propose un récit haut en couleur, palpitant et émouvant.Charlotte alias Charlie une jolie rousse, organise une expédition afin de retrouver son frère.Ce jeune scientifique, qui a disparu sous terre depuis plusieurs mois, affirmait au plus grand étonnement de tous pouvoir prouver l’existence de l’Enfer en s’appuyant sur la théorie de l’évolution de Darwin !Le petit groupe conduit par Charlie s’enfonce donc sous terre et découvre au fur et à mesure de sa progression que les entrailles de notre planète pourrait bien abriter une autre forme de vie pour le moins inattendue…

Lire la suite: KERASCOËT – VEHLMANN : Satanie

Mon avis

Satanie, scénarisé par Fabien Vehlmann et illustré par le duo Kerascoët, est paru à l’origine sous le titre Voyage en Satanie chez Dargaud vers 2011. Cette première édition ne comprenait que le premier tome, avec des planches sur fond clair, dans un style graphique classique. La réédition intégrale par Soleil Productions, dans la collection « Métamorphose », rassemble le tome initial et la suite inédite, avec un fond noir intérieur qui plonge le lecteur dans une atmosphère sombre et oppressante, renforçant l’aspect hallucinatoire de l’aventure souterraine.

Le dessin des Kerascoët mêle douceur et étrangeté : les traits ronds et les visages expressifs, dans un style presque enfantin, côtoient des formes organiques où la chair et la roche semblent se confondre. Lorsque j’ai feuilleté rapidement la BD, j’ai trouvé les couleurs trop vives et disharmonieuses. Mais dès que j’ai commencé la lecture, cette impression a disparu : les teintes se marient parfaitement à ce monde étrange et infernal, renforçant l’immersion. Les parois respirent, les ombres semblent palpiter, et chaque page devient une expérience sensorielle presque hallucinée.

Le scénario de Vehlmann fonctionne sur deux niveaux : l’expédition souterraine et la descente intérieure de l’héroïne. Dès les premières pages, on est immédiatement capté par l’action et le suspense. Les rebondissements s’enchaînent, donnant sans cesse envie de tourner les pages. La narration elliptique et les changements de ton — entre réalisme, horreur, onirisme et mysticisme — traduisent l’instabilité mentale des personnages et ajoutent une dimension symbolique au récit. Le dénouement, inattendu mais cohérent, laisse un fort souvenir de lecture.

Charlotte, en quête de son frère disparu, traverse autant les profondeurs géologiques que celles de sa propre psyché. Sa transformation, de scientifique rationnelle à figure obsessionnelle, illustre la tension entre logique, foi et instinct. Les autres membres de l’expédition incarnent différentes réactions face à l’inconnu, la peur, la haine, le fanatisme, la folie, tandis que le frère absent agit comme un double symbolique. Chaque grotte et chaque créature reflète une part refoulée de soi. Cette plongée dans sa propre psyché, avec ses métamorphoses et ses étrangetés, rappelle un peu le voyage d’Alice au pays des merveilles, mais dans une version plus sombre et angoissante. Satanie devient ainsi une plongée dans l’inconscient, une allégorie de la transformation psychique où la descente vers l’enfer se confond avec la métamorphose de l’héroïne.

En résumé, cette lecture est captivante et sensorielle, avec un équilibre parfait entre tension, horreur et poésie visuelle. Une expérience intense et mémorable qui ne ressemble à aucune autre.

DenSi

Un commentaire sur “KERASCOËT – VEHLMANN : Satanie

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑