L’arpenteur

Scénario et dessin : Viktor HACHMANG
Editeur : CASTERMAN
Parution : 29 janvier 2025
80 pages – Relié
Genre : science-fiction

Tous les espoirs sont-ils vraiment perdus sur Terre ?

Dans un futur lointain, l’humanité vit sur une planète artificielle, tandis que la Terre est devenue une immense décharge. Geo, un humble éboueur de l’espace, s’échoue accidentellement sur cette planète dépotoir. Tel un Robinson post-apocalyptique, il lutte pour survivre dans ce milieu hostile peuplé de ruines, de déchets et de lacs pollués. Au cours de son errance, il découvre un exemplaire de La Tempête de Shakespeare

Ce récit initiatique le captive et devient son guide pour affronter les défis de cet environnement impitoyable. Mais cet échouage est-il vraiment un accident ? Et si une entité mystérieuse l’avait orchestré pour lui révéler le véritable visage de la planète qu’il arpente ?

Nous suivons dans cet œuvre un personnage sans nom, « l’Arpenteur », parcourant une terre ravagée. On y apprendra des bribes de son passé, à quel point la planète a changé, mais avant tout, on plongera avec lui dans une solitude abyssale.

Cette BD est un véritable voyage psychédélique, un travail expérimental où chaque planche révèle une nouvelle idée graphique. Aucune ne se ressemble, on se sent ballotté et plongé dans les émotions crues de cet Arpenteur. C’est ce genre de BD que l’on ouvre et finit d’une traite, le cœur secoué et l’esprit rassasié. En un seul volume, on trouve ici plus de créativité que dans plusieurs autres réunis.

L’histoire, elle, reste malheureusement trop floue. Beaucoup de récits oniriques assument de laisser l’intrigue au second plan, pour privilégier le dépaysement et l’expérience sensorielle. Mais ici, le récit paraît à la fois trop décousu et pas assez marquant.

On a le sentiment qu’une histoire plus simple aurait suffi, tout en regrettant paradoxalement qu’il n’y ait pas davantage de consistance. La narration, écrite à la deuxième personne, constitue une idée très originale : on ne sait jamais vraiment si le texte s’adresse au personnage ou au lecteur. Mais cet effet, aussi intéressant soit-il, renforce l’impression de flou.

Le récit ne semble pas compliqué, mais plutôt absent. D’ailleurs, on sort du livre avec l’impression que le texte ajoute davantage de confusion qu’il n’apporte de clarté. On ne choisit pas de laisser l’histoire au second plan, on s’y sent forcé. Le thème – l’extinction de l’humanité et l’oubli progressif du dernier humain – justifie en partie la perte de sens, mais il n’y a pas vraiment de point d’ancrage initial. L’histoire s’évanouit avant même d’avoir commencé, et l’univers, malgré ses qualités esthétiques, paraît décousu.

Heureusement, la grammaire visuelle nous apporte une certaine compréhension. Elle transmet avec une intensité rare ce que ressent le personnage, au point que l’on pourrait presque suivre l’intégralité du récit sans lire une seule ligne de texte. On perdrait très peu d’informations, et peut-être même que la lecture gagnerait en clarté, tant les images suffisent à faire ressentir et comprendre.

C’est une expérience intense et stimulante, à condition de ne pas chercher à comprendre les enjeux ou à s’impliquer dans un récit. Comme œuvre visuelle et poétique, c’est une réussite, mais comme histoire, ça reste frustrant. Prenez-le donc comme un poème illustré. Ce qui est sûr cependant, c’est que cette œuvre ose ! Et que l’on apprécie ou pas le voyage, la simple existence de ce genre d’ouvrage est grisante et fera une véritable pièce d’art dans votre bibliothèque.

ARTHUR

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