RAGHNAROK – LIVRE 3

IN GIRUM IMUS NOCTE
Scénario et dessin : BOULET
Editeur : GLENAT
168 pages – cartonné
Parution : 11 juin 2025
Genre : fantasy humoristique

Le grand retour d’un petit dragon pas comme les autres

Le monde a changé depuis le cataclysme qui a recouvert la ville de forêts sombres. Un nouveau danger rôde : un monstre mystérieux qui enlève les enfants de toutes les créatures, humaines ou non. Dans la forêt, Raghnarok est bien décidé à montrer à sa mère et à sa fée que, maintenant qu’il sait voler, il est tout à fait capable de trouver et vaincre seul cette menace, comme un bon dragon qui se respecte. Loin de là, à l’orphelinat de la ville humaine, l’une des pensionnaires décide de libérer la terrible Roxane afin de combattre le monstre. Mais alors que celui-ci s’enfuit, la jeune barbare se retrouve confronté à un tout autre problème…

Après une longue pause qui a vu son auteur publier les Notes ou participer à l’univers étendu Donjons créé par Sfar et Trondheim, Boulet reprend son crayon pour offrir au petit dragon gaffeur une nouvelle et dernière aventure plus sombre, mais toujours placée sous les feux croisés de l’humour et de l’action.

Raghnarok, créée par Boulet en 2001, est une série qui retrace l’histoire d’un petit dragon pas comme les autres, dont les aventures ont débuté dans les pages du magazine Tchô !. Elle est désormais rééditée en intégrale.

Le dernier tome de la trilogie Raghnarok de Boulet, qui arbore le mystérieux titre latin « In girum imus nocte », s’impose comme un petit bijou de poésie, teinté d’humour et tout en profondeur, qui s’aventure aux confins de la fantasy et de l’introspection.

Vingt-cinq ans après la naissance de son petit dragon maladroit, Boulet boucle la boucle avec un troisième opus aussi inattendu que touchant. Le lecteur retrouve bien sûr Raghnarok et ses fidèles compagnons dans un monde radicalement transformé : à la suite d’un cataclysme, la ville n’est plus qu’une vaste forêt, peuplée de créatures à la recherche d’un nouvel équilibre. Au cœur de cette nuit métaphorique, une créature mystérieuse enlève les enfants, forçant Raghnarok — qui arrive désormais à déployer ses ailes — à quitter le cocon de l’enfance et partir à la recherche de ceux qui lui sont chers. En miroir, Roxane, barbare intrépide devenue orpheline, confrontée elle aussi au monstre, va devoir affronter un défi encore plus inattendu, personnel et intime, entre colère, peur et désirs inavoués.

La force du titre « In girum imus nocte » se révèle dans toute sa subtilité : il s’agit d’un palindrome latin évoquant les papillons de nuit tournant autour d’une lumière mortelle. Cette expression latine, qui peut être complétée par « et consumimur igni » (c’est-à-dire « Nous tournons en rond dans la nuit et sommes consumés par le feu »). Au sein de l’univers de Raghnarok, la formule prend corps : chaque personnage semble tourner en cercle dans la nuit, attiré vers une lumière aussi salvatrice que dangereuse. Boulet ne choisit pas le latin par pédanterie, mais parce que cette langue classique offre au récit une universalité et une certaine gravité. Chacun cherche la lumière — reconnaissance, amour, appartenance, identité — quitte à s’y brûler, à risquer la perte ou la transformation.

Ce livre offre ainsi une fable brillante sur le passage à l’âge adulte, la perte de l’innocence et le courage d’affronter ses peurs. L’humour n’est jamais loin, tempérant la gravité d’une narration magistrale où la fantaisie se mêle à l’intime, et où le parcours du petit dragon touche à l’universel. En refermant ce troisième tome, « In girum imus nocte » laisse le lecteur à la lisière de la lumière, prêt, lui aussi, à traverser sa nuit.

SKIPPY