Guerres & Dragons T03

Le Kongamato

Une série concept créée par J.L. Istin & N. Jarry
Scénario : Nicolas Jarry
Script Doctor : David Courtois
Storyboard : Francesca FolliniArancia Studio
Dessin : Paolo Antiga – Arancia Studio
Colorisation : Arif Prianto – Arancia Studio
Éditeur : Soleil
56 pages
Date de sortie : 13 octobre 2024
Genre : fantastique, historique, uchronique

« Personne n’arrête ici ! Surtout pas les femmes ! Soit tu sers les armes à la main, soit tu sers les hommes autrement ! »

Présentation de l’éditeur :

À chaque fois qu’une guerre embrase le monde, des dragons s’éveillent pour se lier à des hommes et femmes dont les destinées bouleverseront le cours de l’Histoire…

Angola, 1975. Anica a 13 ans lorsqu’elle se fait enlever par des soldats pour combattre dans une guerre dont elle ignore tous les enjeux. Parmi tous les enfants, elle est la seule à garder encore espoir, car elle se souvient de ce que racontait son grand-père : l’histoire du Kongamato, une créature légendaire qui se mettait au service des guerriers de son village lorsque le malheur frappait…

Mon avis :

Après la seconde, puis la première guerre mondiale, Nicolas Jarry revient avec ce qu’il y a de plus sombre dans la guerre d’indépendance de l’Angola : les enfants soldats ! Une tragédie qui aura laissé bien des séquelles, tant à ceux qui se sont retrouvés face à ces mômes déshumanisés, prêts à tuer n’importe qui, de même que ces jeunes meurtriers à qui on a lavé le cerveau pour une cause qu’ils ne comprennent même pas.

On suit alors le parcours de la jeune Anica qui a été enlevée le jour où les Portugais ont enfin accepté de signer l’indépendance de l’Angola. Mais alors que ce traité devait marquer le début de la paix, des factions de toutes sortes, désireuses de prendre le pouvoir après la colonisation, se dressent les unes contres les autres.

Le camp où Anica est “dressée pour tuer” est géré par un capitaine sans scrupule, lançant son dragon sur n’importe quel dissident sous les yeux des autres enfants, afin qu’ils apprennent la leçon. “Marche ou crève”, “obéis ou meurs” ! Ne pas penser, ne pas pleurer, ne pas faiblir… Ces mots l’aideront quand son tour viendra de s’échapper dans l’espoir de trouver “Le Kongamato”, un dragon légendaire qui défend les innocents, inspiré d’une créature mythique d’Afrique.

Étrangement, cette fois-ci, la présence des dragons permet de regarder en face une réalité qu’on préfère souvent éviter ; ils incarnent la part d’ombre de ceux qui ont façonné les enfants soldats, qui les ont maltraités dans tous les sens du terme, mais avec une certaine pudeur : celle de laisser aux géants fantastiques le rôle du bourreau plutôt que de voir des hommes s’en prendre réellement à des enfants.

Le graphisme, de Paolo Antiga au dessin et Arif Prianto à la colorisation, est criant de réalisme, proche de la photo à peine retouchée à certains moments. Quelques détails font alors mouche, rappelant vaguement des souvenirs à ceux qui ont suivi les médias à cette époque, ou les fictions basées sur ces terribles faits réels : le géant en tenue de camouflage, béret rouge comme le sang qu’il répand et lunettes de soleil ; ces enfants à peine plus grands que les armes qu’on leur colle dans les mains ; ces mômes aux visages innocents au milieu de cadavres qu’ils ont eux-mêmes tués.

C’est sans doute avec ce titre, plus que les autres jusqu’à présent, qu’on réalise l’objectif de mémoire qui se déploie dans la série “Guerres & Dragons”, regroupant différents types de lecteurs, tantôt d’histoire, tantôt de fantasy, autour d’un même drame qu’il ne faut jamais oublier !

ShayHlyn.

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